Certaines équipes parviennent à se passer de leur star. D’autres en sont bien trop dépendantes. Le contraste a été assez saisissant cette nuit entre les Minnesota Lynx et le Phoenix Mercury de ce point de vue-là. Sylvia Fowles était toujours absente pour soigner sa blessure au mollet, mais Cheryl Reeve est tout de même parvenue à faire jouer un basket collectif et cohérent à son groupe. Dans le même temps, Phoenix a dû se passer de Brittney Griner peu de temps avant le coup d’envoi, pour des raisons personnelles. Les conséquences ont été bien différentes.

Sans leur point d’ancrage à l’intérieur, les joueuses de Sandy Brondello n’ont pas tenu la distance. Minnesota l’a emporté sans sourciller pour glaner un troisième succès de suite et afficher le deuxième meilleur bilan de toute la ligue. A coups de paniers à 3 points (9 pour le seul tandem Bridget Carleton-Crystal Dangerfield) dans un premier temps, puis en pilonnant la raquette désertée du Mercury, les Lynx ont parfaitement mené leur barque. La défense, évidemment, a encore joué un rôle déterminant puisque la force de frappe offensive de Phoenix a été quasiment annihilée : Diana Taurasi (14 points) et ses camarades ont shooté à 41% et n’ont rentré que 7 de leurs 28 tentatives à 3 points.

Le mea culpa que j’ai longtemps repoussé est aujourd’hui inévitable. Ce que font les Lynx dans ces conditions de travail et de jeu est admirable. Les avoir imaginées hors des playoffs ressemble aujourd’hui à une hérésie, tant ce que l’on voit un soir sur deux depuis le lancement de la saison est épatant. Il fallait pouvoir imaginer que sans backcourt d’expérience, sans Maya Moore, ni Seimone Augustus, et même au gré de quelques blessures, Minnesota arriverait à proposer un basket pertinent. Toutes les équipes dans cette situation ne se relèvent pas. Mais toutes les équipes ne sont pas coachées par Cheryl Reeve, qui cimente tranquillement sa place parmi les meilleurs coaches de l’histoire du basket.

Toutes les équipes n’ont pas non plus de sophomores capables de passer un cap aussi impressionnant que Napheesa Collier. Déjà All-Star l’an dernier pour sa première campagne en WNBA, l’ancienne ailière de UConn est phénoménale, ni plus, ni moins. Sa montée en puissance régulière et sans pitié est aussi la raison pour laquelle Minnesota pointe aussi haut à mi-parcours. Cette nuit encore, Collier a sorti un match all-around de très, très haut niveau : 20 points, 9 rebonds, 6 passes, 4 interceptions et 2 contres en 35 minutes. Qu’elle soit alignée au poste 3 ou au poste 4, comme cette nuit, “Phee” impacte le match des deux côtés du terrain comme très peu de joueuses dans cette ligue.

Collier a aussi la chance de pouvoir compter sur une meneuse rookie qui fonce vers le titre de RoY à vive allure. Là aussi, on avait beau avoir identifié Crystal Dangerfield comme un steal potentiel le soir de la Draft, on ne s’attendait pas à ce qu’elle soit aussi forte, aussi vite. Dangerfield shoote sans complexe, met les adversaires sur les rotules avec sa vitesse et son hesitation move assassin et n’est pas aussi pénalisante défensivement qu’on aurait pu le penser, loin de là. Cette nuit, ses 19 points sont venues complémenter à merveille le boulot de la raquette Collier-Dantas.

Le génie de Cheryl Reeve, c’est aussi de faire briller des role players assez inattendues comme Bridget Carleton. La future joueuse de Landerneau a encore été terrifiante d’adresse, particulièrement à 3 points (4/4), où elle caracole en tête de la ligue en termes de précision (65% !).

Les Lynx auraient sans doute gagné encore plus largement si Bria Hartley ne leur avait pas mis quelques bâtons dans les roues. L’internationale française, titularisée pour la première fois de la saison pour faire face à l’absence de Griner, a été la meilleure joueuse de son équipe et de loin. Alors que Diana Taurasi a eu du mal à cacher sa frustration face au corps arbitral (elle a de nouveau pris une faute technique) et à la performance indigente du Mercury, Hartley a été fidèle à son début de saison splendide : 25 points, 5 passes et 4 rebonds à 50%.

Il reste environ 10 matchs à jouer pour toutes les équipes et cette rencontre a mis en lumière l’écart qui sépare aujourd’hui Minnesota et Phoenix. A égalité parfaite avec Las Vegas et Los Angeles, les Lynx savent qui elles sont et ont une vraie identité de jeu adaptable selon les circonstances. Le Mercury a des errements défensifs fâcheux, avec ou sans Brittney Griner, et se repose sur des exploits individuels. A l’heure actuelle, l’une des deux équipes paraît très nettement plus crédible pour une campagne de playoffs réussie…

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