Rêve brisé, souvenirs de UConn et ambitions, Gabby Williams se raconte

Cette saison, le public français a appris à connaître et aimer Gabby Williams. La joueuse du Chicago Sky a fait une superbe saison, malheureusement interrompue, avec Montpellier, dans le pays d’origine d’une partie de sa famille. La bonne humeur et le punch dévastateur de l’ancienne star de UConn lui ont rapidement permis de se mettre les fans du BLMA dans la poche. Alors qu’elle s’apprête à retrouver la WNBA avec le Sky, on a pu discuter avec Gabby de son parcours et de sa carrière jeune mais déjà très riche.

Gabby Williams BLMA Noir & Blanc
© BLMA

Tu es née et tu as grandi à Sparks, dans le Nevada. Comment c’était de jouer au basket là-bas ?

Le Nevada ce n’est pas la meilleure scène pour le basket, donc j’ai beaucoup joué avec des équipes AAU dans la Bay Area, à San Francisco et Oakland. C’était mieux pour moi, afin de me mesurer aux équipes californiennes et apprendre des coaches de là-bas. Il n’y a pas beaucoup de grands athlètes qui sortent de Sparks ou de Reno (rires). Par contre, dès que je retourne là-bas je retrouve mon oncle Michael, qui est la personne avec laquelle je préfère travailler. Pareil pour ma coach du lycée, Sarah, qui m’a accompagnée jusque dans mes workouts avec Kobe Bryant, par exemple. Elle est à mes côtés pratiquement depuis que je suis née et elle fait partie de mon parcours. C’est super d’avoir des gens de là-bas, de cette petite ville où le basket n’est pas hyper présent, qui suivent ce que je fais et espèrent me voir atteindre mes objectifs.

En France, on n’est pas forcément encouragés à faire plusieurs sports à la fois. Tu as pratiqué le saut en hauteur à très haut niveau en parallèle du basket, c’est assez fou. A quel moment est-ce que tu as décidé de te concentrer sur le basket ?

Lors de mon année junior, je me suis fait une rupture du ligament croisé antérieur du genou. Je venais de faire les séries de qualifications pour aller aux Jeux Olympiques de Londres. A cette époque, je voulais vraiment faire du saut en hauteur au niveau professionnel, aller aux JO et me concentrer là-dessus. Après ma blessure et 9 mois d’absence, je pensais toujours continuer là-dedans. Mais je me suis à nouveau rompu le ligament croisé… A mon retour, je n’avais pas fait d’athlétisme depuis deux ans. Or, c’est un sport où la forme physique et l’état de ton corps sont cruciaux. Tu ne peux pas revenir là où tu en étais en un clin d’oeil. Donc j’ai pris la décision de me concentrer sur le basket, parce que je n’étais pas sûre d’être capable de sauter à nouveau au haut niveau.

Est-ce que parfois tu imagines ce qu’auraient été ta carrière et ta vie si tu avais pu continuer dans cette voie ?

J’y ai beaucoup pensé, oui. Mais ça m’arrive beaucoup moins maintenant. A l’époque, ça a été très dur, parce qu’arrêter le saut, ce n’était pas mon choix. C’était celui de mon corps. Au final, il m’est arrivé tellement de choses géniales grâce au basket… J’ai un super métier aujourd’hui (rires). Je n’ai aucun regret et je sais que tout arrive pour une raison.

Tu as été à la fac de UConn, la plus prestigieuse au monde en ce qui concerne le basket féminin. Comment est-ce que tu as été repérée et qu’est ce qui t’as poussée à choisir les Huskies ?

Ils m’ont découverte lors de mon année junior, au lycée. C’était lors d’un tournoi. Ils étaient venus me voir jouer. Par chance, ce n’est que le lendemain que je me suis gravement blessée au genou… J’ai su que je voulais vraiment aller là-bas immédiatement après ma première visite. J’avais été voir d’autres universités. Elles étaient toutes très bien, mais à mes yeux elles se ressemblaient toutes, quelque part. A UConn, j’ai eu cet instinct viscéral. La culture là-bas était différente. J’ai vu comment l’équipe se préparait, la manière dont les filles étaient soudées, la camaraderie… Et puis, quand tu arrives au Gample Pavilion (la salle dans laquelle les Huskies jouent, à Storrs, NDLR), tu ressens l’histoire. Il y a une énergie qui fait que c’est le meilleur endroit pour jouer au basket.

Toutes les joueuses passées par UConn ont des souvenirs particuliers avec Geno Auriemma. Qu’est ce qui t’a le plus marquée chez lui ?

J’ai un million de souvenirs… Mon préféré, je pense que c’est ce qu’il m’a dit après que j’ai fait un super match. Je ne sais plus contre quelle équipe c’était. Je m’attendais à ce qu’il vienne me parler, mais je ne savais pas ce qu’il dirait. Il m’a dit : ‘Quand tu joues aussi dur que tu le peux, comme ce soir, tu es une joueuse inarrêtable. Mais si tu ne le fais pas, tu es… tellement moyenne’ (rires). Cette phrase m’est restée et elle me permet de toujours rester motivée. Il avait raison. Je ne suis pas l’une de ces joueuses qui ont un bouton on/off et réussissent à switcher grâce à leur talent. Tout ce que j’accomplis, c’est parce que j’ai travaillé dur. Pour en revenir à Coach Auriemma, les gens pensent souvent qu’il était très dur avec nous tout le temps. Ce n’est pas vrai. Il nous faisait aussi énormément de compliments.

Depuis l’année dernière, tu évolues sous les ordres de James Wade à Chicago. Il a été élu coach de l’année en WNBA, qu’est ce qui fait son succès selon toi ?

Quand Coach Wade est arrivé dans l’équipe, ça a été un changement instantané par rapport à la saison précédente. Il n’y avait pas les mêmes attentes autour de nous l’année passée. Pourtant, l’équipe était quasiment la même. Mais il a réussi à tirer quelque chose de très différent de chacune d’entre nous. C’est lié à sa motivation, à son énergie et à ce qu’il attend de son équipe.

Tu as fait une saison superbe avec Montpellier. Qu’est ce que ça t’a fait de jouer en France pour la première fois ?

Merci ! Ma famille du côté de ma mère est française. Ma grand-mère est née en France et une partie de ma famille vit à Paris. Pour moi, c’était super de pouvoir jouer ici. Déjà parce que je jouais en Espagne avant, où je ne comprenais pas le Catalan, et en Italie, où je ne comprenais pas grand chose non plus (rires). Là, pouvoir rendre visite à ma famille, comprendre et parler la langue, ça m’a permis de me sentir un peu plus chez moi.

Est-ce qu’il y a des différences culturelles qui t’ont marquée entre les Etats-Unis et la France ?

Je dirais que la plus grosse différence en termes de culture, c’est le fait qu’ici personne n’est pressé. C’est peut-être parce que je vis à Montpellier, qu’on est près de la plage, etc… Mais aux Etats-Unis, tout le monde est dans un rush permanent et les gens attendent que tout arrive tout de suite. Tout doit être rapide, immédiat… En France, les gens sont plus détendus et pas constamment pressés. Ils ne passent pas tout leur temps à travailler et leurs loisirs sont importants pour eux.

Tu as dû jouer à la mène avec Chicago la saison dernière et ce n’est pas ton poste de prédilection. Si tu avais la possibilité de choisir aujourd’hui, tu opterais pour quoi ?

Je dirais le poste 3, sur l’aile. J’aime jouer sur le côté, plus que dans l’axe du terrain. Je dois progresser sur pick and roll et sur mes courses en transition, mais j’aime jouer au poste 3 parce que je peux attaquer depuis des positions variées. Et puis, je n’ai pas à m’occuper de remonter la balle (rires).

Finalement, ce rôle de meneuse, tu t’en es bien accommodée.

L’été dernier, quand j’ai eu des difficultés à appréhender ce poste, j’ai eu une conversation avec Kobe Bryant. Il m’a parlé et je me suis sentie mieux instantanément. C’est ce qu’il a fait de plus impactant pour moi, en dehors des entraînements que l’on a pu faire ensemble. Désolé pour mon langage, mais il m’a dit : “Putain Gabby, tu peux y arriver ! Pourquoi est-ce que tu n’y arriverais pas ? Il n’y a absolument aucune raison que tu ne sois pas capable de jouer à tous les postes. Rien ne t’empêche d’exceller comme meneuse”. Que quelqu’un comme lui me dise ça, ça a été très important.

Tu étais proche de Kobe et Gianna te considérait comme sa joueuse préférée. Comment est-ce que tu penses que les choses se seraient passées pour elle sur le plan du basket sans ce drame ?

Gigi avait un grand potentiel, comme Payton (Chester) et Alyssa (Altobelli), justement parce que Kobe leur avait inculqué cette discipline. D’ailleurs, quand je faisais des matches avec elles, si j’étais un peu hors de forme, elles me bottaient le cul (rires). Mais Gigi avait en elle des choses qui ne s’apprennent pas. Elle avait la Mamba Mentality. Elle avait le feu en elle et seules quelques personnes l’ont naturellement. C’est rare, surtout à 13 ans. Elle a travaillé très dur pour essayer de maîtriser le fadeaway dans le corner par exemple. Personne ne fait ça, pas même en WNBA. Mais cette fille de 13 ans voulait maîtriser ce move plus que quoi que ce soit d’autre et elle y est arrivée. C’est sa détermination à réussir ces choses-là qui me fait dire qu’elle aurait eu une belle carrière.

Est-ce qu’il y a des joueuses dont tu t’es particulièrement inspirée ou dont tu as voulu suivre les pas en WNBA ?

Petite, j’étais une énorme fan de Diana Taurasi. Ironiquement, même si c’était une meneuse, j’adorais Jennifer Rizzotti, de UConn. J’ai beaucoup essayé de m’inspirer de Candace Parker, mais aussi et surtout de Tamika Catchings. Je trouvais qu’il y avait beaucoup de similitudes entre nos façons de jouer. J’ai donc commencé à beaucoup plus regarder ce que faisais Tamika.

En tant que joueuse et en tant que personne, quels sont tes rêves et tes ambitions ?

Plus que tout, je veux pouvoir jouer longtemps et en bonne santé. Ensuite, évidemment que j’ai envie de gagner un titre WNBA et l’Euroleague. J’aimerais aussi gagner le championnat de France un jour si j’en ai l’occasion (elle s’est engagée avec le club hongrois de Sopron pour la saison 2020-2021, NDLR), parce qu’on n’a pas pu le faire avec Montpellier cette année. Pour le reste, je vais essayer de continuer à m’impliquer dans la communauté à Chicago, notamment autour de la fondation Obama, pour aider les gens qui ne sont pas aussi privilégiés. J’ai étudié l’organisation communautaire à la fac et c’est quelque chose qui continue de m’intéresser.

© BLMA
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