Les légendes sans bague – Partie 2

L’histoire du basket et du sport en général est parsemée de légendes, de monstres ayant empilé les trophées après des confrontations de haute lutte. Mais à côté de ces héros victorieux, certaines gloires passées n’ont pas eu la chance ou l’opportunité d’ajouter leur nom à la liste des vainqueurs.

En NBA, ces monstres sans bague s’appellent Charles Barkley, Karl Malone ou Patrick Ewing. En WNBA, elles sont quelques unes à avoir proposé, soir après soir, un niveau de domination individuelle impressionnant sans réussir à obtenir le Graal.

Aujourd’hui, détour par une franchise au top à l’heure actuelle et qui, par le passé, a été proche de pouvoir ajouter une ligne à son palmarès : le Connecticut Sun.

Pour relire la partie 1

Nykesha Sales

Même si son nom n’est pas le plus connu lorsqu’on s’attaque à la question des anciennes gloires de la ligue, parler du passé du Connecticut Sun sans mentionner Nykesha Sales serait une faute grave. Car Nykesha n’est autre que la meilleure marqueuse de l’histoire du Sun. Parmi les joueuses non titrées, Sales est celle qui possède le plus de sélections au All-Star Game avec 7 ! Autant dire qu’elle a toute sa place dans la discussion qui nous occupe.

Après un cursus plein à UConn, Nykesha quitte l’université auréolée de la distinction de meilleure marqueuse de l’histoire du programme avant d’être choisie par le Orlando Miracle lors de la Draft 1999. Le Miracle vient alors tout juste d’être créé et la sélectionne dans le cadre de cette expansion de la ligue.

Dès son arrivée à Orlando, Nykesha Sales prend très vite ses marques et devient une vraie menace au scoring avec 13,7 points de moyenne dès sa saison rookie, durant laquelle elle sera sélectionnée pour le All-Star Game. Elle sera d’ailleurs toujours très constante à la marque, ne descendant jamais en dessous des 13 points de moyenne.

Mais Nykesha Sales n’était pas qu’une arrière-ailière scoreuse. Avec un peu moins de 2 interceptions par match en carrière et des aptitudes défensives très sérieuses en général, Nykesha pouvait éteindre sans sourciller les meilleures extérieures adverses. Souvent oubliée à l’heure de distribuer les lauriers, Sales est probablement l’une des two-way players les plus redoutables de l’histoire de la ligue.

Cependant, tout n’est pas toujours facile pour une équipe en expansion et le Miracle ne fera pas les playoffs lors de cette première saison. Dès la suivante néanmoins, en 2000, direction la post-saison pour un effectif qui finit à la 3e place de la conférence Est. Nykesha Sales, alors sophomore, en est l’un des fers de lance, accompagnée par l’arrière Adrienne Johnson et la pivot Taj McWilliams-Franklin, dont nous vous racontions l’histoire il y a peu. Malheureusement, l’équipe échouera au premier tour face aux Cleveland Rockers de la rookie Ann Wauters. Durant les deux saisons suivantes, l’équipe échoue à chaque fois aux portes des playoffs.

Après la saison 2002, la NBA, alors en possession de toutes les équipes WNBA, décide de les vendre aux propriétaires des équipes NBA auxquelles les franchises WNBA étaient affiliées. Rich Devos, propriétaire du Orlando Magic, n’est pas intéressé. En l’absence d’un repreneur en Floride, la franchise va être relocalisée dans le Connecticut après son rachat par la tribu amérindienne des Mohegan et être renommée Connecticut Sun.

Afin de donner un nouveau départ à cette franchise, les nouveaux dirigeants vont décider d’engager un nouvel entraineur. Leur choix se porte alors sur Mike Thibault. Coach Thib n’est alors qu’assistant chez les Milwaukee Bucks de George Karl. Malgré plusieurs expériences comme head coach dans des ligues masculines mineures, il s’agit de ses débuts au plus haut niveau et en particulier en basket féminin.

Néanmoins, le succès est immédiat et l’équipe finit 3e de l’Est, ex-aequo avec le Charlotte Sting, et file en playoffs. Nykesha Sales, de son côté, voit ses stats augmenter et dépasser les 16 points de moyenne, sa plus haute marque en carrière. En playoffs, l’équipe sweepe le Sting de Dawn Staley, finaliste 2 ans auparavant, et file en Finales de Conférence. Face au Detroit Shock, en route pour le titre, la marche sera trop haute et Detroit gagnera la série 2-0.

L’optimisme est néanmoins de mise dans le Connecticut et les deux saisons qui vont suivre en seront les confirmations. En 2004, l’équipe finit à la 1e place de la Conférence Est. Cette fois, plus question de laisser l’opportunité s’échapper. Après avoir bataillé au premier tout face aux Mystics et sweepé le Liberty en Finale de conférence, l’équipe atteint enfin les Finales face à un opposant inédit, le Seattle Storm. Les deux équipes sont alors toutes deux vierges de tout titre.

Lors du Game 1 à domicile, Nykesha Sales ne score pas beaucoup mais, comme à son habitude, n’est pas en reste en défense et contribue au rebond et en interceptions. Aidé par McWilliams-Franklin, ainsi qu’une jeune rookie fraîchement débarquée du nom de Lindsay Whalen, le Sun remporte le game 1 et se prend à rêver du titre.

Mais en face, trois demoiselles répondant aux doux noms de Lauren Jackson, Sue Bird et Betty Lennox, ne l’entendent pas de cette oreille et comptent bien reprendre l’avantage, de retour à Seattle. Et malgré les 32 points de Nykesha, le Sun finira trop court de 2 points. Score final 67-65. Egalité, balle au centre, place au match décisif. Ce dernier tournera encore à l’avantage du Storm. Malgré une Nykesha Sales toujours meilleure marqueuse de son équipe avec 18 points, Seattle emballe la rencontre avec un score final de 74-60. Betty Lennox, auteure de 23 points ce soir là, repartira avec le titre de MVP des Finales.

En 2005, bis repetita pour le Sun avec toujours une première place de conférence est et, cette fois, de la ligue. Il faut dire que l’équipe s’est renforcée d’une belle manière avec l’arrivée au sein de l’effectif de la géante Margo Dydek.

L’équipe atteint de nouveau les Finales, cette fois contre les Sacramento Monarchs de Ticha Penicheiro, Yolanda Griffith et Rebekkah Brunson. Les Finales se jouent désormais au meilleur des 5 matchs. Malgré une Nykesha Sales qui flirtera avec les 18 points de moyenne sur la série et une paire d’intérieures Dydek-McWilliams en mode gobage de rebonds, l’équipe ne parvient qu’à sauver l’honneur pour un score final de 1-3 sur la série.

Les années suivantes, l’équipe sera encore très sérieuse en régulière, mais échouera en playoffs. En finale de Conférence Est en 2006 tout d’abord, en demi en 2007 ensuite. Nykesha Sales décide alors de mettre un terme à sa carrière. Une carrière qui n’aura pas pu lui apporter, ainsi qu’au Connecticut Sun, la gloire qu’elle méritait.

Avec 3955 points Nykesha est la meilleure marqueuse de l’histoire de la franchise. Sur une carrière de 9 saisons, ses 7 sélections au All-Star Game parlent pour elle. Et si elle est tout le temps absente des discussions sur les anciennes gloires, il était de notre devoir d’essayer d’y remédier.

Margo Dydek




© Donald Barnat

Coéquipière de Nykesha Sales de 2005 à 2007, Margo Dydek est une figure et probablement l’une des plus grandes joueuses de l’histoire de la ligue.

Plus grande tout d’abord de par sa taille. Du haut de ses 2,18m, record de la ligue, Margo était une géante qui pouvait compter sur ses centimètres pour dominer outrageusement sa raquette.

Sur les 11 saisons que durera sa carrière WNBA, Margo sera ainsi 8 fois meilleure contreuse de l’année et, par conséquent, assez logiquement, meilleure contreuse de l’histoire de la WNBA avec 877 contres en carrière, soit 2,7 contres par match.

Sa taille intéresse fortement les recruteurs qui n’hésitent pas, en 1998, à la sélectionner en 1e position. Elle fait ainsi ses valises pour les Utah Starzz, avec qui elle passera 5 saisons. L’équipe ne connait pas un franc succès cependant. Lors de ses deux premières saisons dans la ligue, l’équipe finit à la dernière place de la Conférence Ouest. Les choses s’améliorent doucement lors de la saison 2000, mais Utah termine néanmoins à la 5e place de l’ouest et Margo doit regarder les playoffs depuis son canapé.

Ce n’est pas faute pourtant pour Margo de se démener. Avec des saisons à plus de 3 contres par match, elle fait plus que le boulot dans sa peinture. Et vous auriez tort de penser qu’elle ne faisait que ça. Avec une douzaine de points et ses 6-7 rebonds par match, Margo Dydek était au final une intérieure plus complète que sa taille ne le laissait penser.

En 2001, l’équipe atteint finalement les playoffs mais se fait sweeper au premier tour par les Sacramento Monarchs. En 2002, de retour en playoffs, l’équipe passe un cap en éliminant au premier tour les Houston Comets, qui n’arrivent plus a répéter leurs exploits des débuts. Lors de cette série, Margo est impériale avec 13,6 points, 11,3 rebonds et 4 contres de moyenne. En finale de conférence malheureusement, les Starzz tombent face aux Los Angeles Sparks de Lisa Leslie, alors en mission pour réaliser le back to back. Lors de cette saison, Margo réalise le deuxième triple-double de l’histoire de la WNBA.

L’année suivante, alors que le Orlando Miracle se voyait relocalisé dans le Connecticut, la même mésaventure arrivait aux Starzz. Le Utah Jazz n’étant pas désireux de conserver la franchise, celle-ci fit ses valises pour le Texas et San Antonio plus précisément, sous les couleurs des San Antonio Silver Stars. Cette relocalisation ne fait pas du bien à court terme et l’équipe plonge dans les profondeurs du classement. Après deux saisons de vaches maigres, lors de l’intersaison 2004-2005, la franchise de San Antonio est désireuse de reconstruire. Margo est alors tradée pour le Connecticut Sun.

Au Sun, Margo prend part à l’épopée de 2005 et file en Finales pour le résultat que nous vous évoquions précédemment. Lors de ces Finales, ses stats sont faméliques et elle ne parvient pas à contribuer pleinement aux résultats de son équipe.

Lors des deux saisons suivantes, l’équipe continue à aller en playoffs, sans toutefois réussir à passer le dernier cap. Margo, de son côté, commence à faiblir dans sa production et son impact au sein de l’équipe se réduit.

En 2008, elle décide de mettre sa carrière entre parenthèses afin de mettre au monde son premier enfant. A son retour, elle signe avec les Los Angeles Sparks, avec lesquels elle jouera deux petits matchs pour seulement 2 points de moyenne. Elle met ensuite fin à sa carrière.

La fin de l’histoire de Margo Dydek est malheureusement tragique. En 2011, alors enceinte de son 3e enfant, Margo fait un arrêt cardiaque. Maintenue dans un coma artificiel, elle décède 8 jours plus tard, laissant sa Pologne natale en deuil.

Et c’est ainsi la dramatique fin de Margo Dydek, plus grande pivot de l’histoire de la ligue et sa meilleure contreuse, avant qu’une certaine Brittney Griner ne vienne la détrôner. Une joueuse qui aura eu pour tort ou pour malchance de passer ses plus belles années à titre individuel au sein d’un effectif sans doute trop faible à Utah et San Antonio. Une joueuse qui aura, pendant plusieurs années, porté fièrement le basket européen au pays de l’oncle Sam. Une légende qui aurait bien mérité une petite bague tout simplement.

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