Taj McWilliams-Franklin, une détermination à toute épreuve

Maya Moore, Seimone Augustus, Lindsey Whalen, Rebekkah Brunson… La plupart des gens qui ont suivi le début de l’épopée des Minnesota Lynx dans les années 2010 connaissent forcément ces noms. Ils font partie de l’histoire de cette équipe qui a marqué les esprits et, parfois, le livre des records. Celui de Taj McWilliams-Franklin, pivot titulaire du groupe de Cheryl Reeve lors du premier des quatre titres de la franchise en 2011, est un peu tombé dans l’oubli. C’est un tort qu’il fallait réparer.

En plus d’être une joueuse de très haut niveau, “TMF” possède l’une des histoires les plus inspirantes de toutes celles qui ont arpenté les chemins de la WNBA depuis sa création. C’est pour cette raison que l’on a voulu vous parler de cette basketteuse au parcours tortueux et à qui personne n’a jamais fait le moindre cadeau.

Dès le départ, rien ne sera simple

Taj grandit avec son père, célibataire, dans l’état de la Georgie. Pour subvenir à leurs besoins, ce dernier jongle avec 2, parfois 3 jobs à la fois. La petite fille se retrouve donc très vite face à des responsabilités d’adulte. Alors qu’elle rêvait de jouer à la Nintendo 64 comme ses amis, elle doit s’occuper du reste de sa famille. Convaincue que cette enfance pas vraiment insouciante l’a aidée à affronter les épreuves de sa vie, Taj déclarera plus tard que c’est à son père qu’elle doit beaucoup sa détermination et sa dureté.

J’aime l’analogie du feu et du charbon. En grandissant, je me suis retrouvée face au feu et j’aurais pu fondre. J’ai doucement commencé à briller et je suis devenue un diamant.

Taj McWilliams-Franklin, sur Swish Appeal

Les épreuves vont en effet arriver rapidement. A tout juste 17 ans, pendant sa dernière année de lycée, Taj tombe enceinte. Elle décide de garder son bébé, une petite fille qu’elle appelle Michele. Une décision logique pour celle qui, depuis son plus jeune âge, a appris à assumer les responsabilités.

La nouvelle ne tarde pas à s’ébruiter et les offres de bourses d’université se retirent peu à peu.  Elle parvient tout de même à se faire recruter par l’université de Georgia State en Division I et tente, tant bien que mal, de concilier études et sport avec sa vie de maman.

Son passage à Georgia State n’est que de courte durée : suite à un changement de coach en milieu de saison, elle est évincée de l’équipe pour la simple raison qu’elle est maman en dehors du terrain. Taj ne cède pas. Elle garde sa fille, même si cela lui coûte sa place dans l’équipe. Sa fille. Sa responsabilité. Sans personne pour l’aider, Taj part vivre chez sa mère au Texas.

Enceinte d’une deuxième petite fille, elle se résigne un court moment à abandonner ses rêves de basketteuse et commence à travailler. Cela ne vaut pas le coup. Elle réalise qu’elle ne pourra pas subvenir aux besoins de deux petites filles et est contrainte de laisser sa plus jeune file, Schera, aux services d’adoption.

Je devais faire ce qui était le mieux pour elle, pas vraiment le mieux pour moi. Ça m’a brisée.

Nous sommes aux Etats-Unis et comme souvent dans les histoires américaines, une rencontre change sa vie. Taj se tourne vers l’église et rencontre une joueuse dans la même situation qu’elle. Elle lui parle de l’Université de Saint Edward’s en NAIA (ligue de sport universitaire pour les petites universités). Elle tente alors l’aventure et est acceptée avec sa fille.

Dès sa première année à Saint Edward’s, des universités de division I NCAA lui propose à nouveau une bourse. Mais la loyauté est importante pour Taj, qui décide de rester dans l’université qui ne l’a pas seulement acceptée en tant qu’athlète mais aussi en tant que personne et maman.

En 1993, elle est élue meilleure joueuse de la NAIA après sa saison senior.

Underdog de l’université au monde professionnel

Prête à se lancer dans le “monde du travail”, Taj sait qu’elle doit aussi subvenir aux besoins de sa famille. Nous sommes en 1993, la WNBA n’est qu’un projet dans les cartons : elle se rend alors en Europe. Toujours avec Michele à ses côtés, elle bourlingue durant les années 90 entre l’Allemagne, le Luxembourg, Israël et la Grèce. Mais elle est déterminée : sa carrière, ce sera le basket professionnel et rien d’autre.

Elle ne perd pas de vue non plus son rêve de jouer chez elle, aux Etats-Unis. En 1996, l’ABL, une nouvelle ligue professionnelle, est lancée. Lors de la Draft inaugurale, Taj est choisie en 40e position par le Richmond Rage et forme un duo tonitruant avec la célèbre meneuse Dawn Staley, actuelle coach de Team USA. Après un passage de la franchise à Philadelphie, celle si ne survit pas et met la clé sous la porte au début de la saison 1998-1999.

Cela n’arrête pas Taj, qui se présente à la draft WNBA de 1999. Malgré ses très bonnes performances en ABL, Taj est choisie en 32e position par la nouvelle équipe du Orlando Miracle. On n’attend pas grand chose d’Orlando, comme on n’attend pas grand chose de Taj, éternelle underdog. Pourtant, après deux défaites lors des deux premier matchs, elle mène son équipe vers la victoire en marquant le panier de la gagne. La franchise est lancée.  

Avec une moyenne de 13.1 points par match et 7.5 rebonds en 32 minutes de jeu lors de la saison 1999, elle s’impose comme une des cadres de l’équipe. Ses performances lui valent même une sélection au All-Star Game dès sa première saison. Elle aide le Miracle à se qualifier pour les playoffs dès la saison suivante.

Après la pluie, le beau temps

Sans faire de bruit, tout en efficacité et en discrétion, Taj McWilliams multiplie les bonnes performances et participations au All-Star Game. Au niveau de sa vie personnelle, c’est également le bonheur : elle épouse en 2000 Reggie Franklin, un sergent de l’armée US, avec lequel elle a une troisième petite fille, Maia.

En 2007, un autre bonheur frappe à sa porte : elle a l’occasion de renouer avec sa fille Schera, qu’elle avait dû placer à l’adoption.

Quand je l’ai abandonnée, je ne pensais pas la revoir. Un petit bout de paradis est revenu.

Après plusieurs saisons au Orlando Miracle, franchise ensuite relocalisée à Uncasville pour devenir l’actuel Connecticut Sun, Taj sait qu’elle peut faire encore mieux et remporter un titre. C’est chose faite en 2008 avec le Detroit Shock. N’hésitez d’ailleurs pas à réécouter l’excellent épisode des Chroniques de Motor City à ce sujet :

En 2011, cela fait presque 20 ans que Taj foule les parquets de basket du haut de son mètre 88. Qu’à cela ne tienne, elle n’en a pas encore assez et signe avec l’équipe des Minnesota Lynx de la jeune coach Cheryl Reeve, où évoluent la rookie Maya Moore, ou encore Lindsay Whalen, Rebekkah Brunson et Seimone Augustus. Taj McWilliams-Frankin devient la dernière membre du cinq de départ. A la clé, évidemment, un deuxième titre WNBA et la confirmation que ce statut d’outsider est relégué aux oubliettes depuis bien longtemps maintenant.

Le Gouverneur Mark Dayton et une partie des Minnesota Lynx
Gov. Mark Dayton / CC BY-SA (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/1.0)

En 2012, à 41 ans, Taj McWilliams-Franklin quitte la WNBA en tant que leader All-time au rebond offensif (record dépassé en 2013 par son ancienne coéquipière du Lynx, Rebekkah Brunson). Elle compte également, à son palmarès deux titres de championne WNBA : en 2008 avec le Detroit Shock, puis en 2011 avec le Minnesota Lynx, mais aussi 6 participations au All-Star Game.

En jetant un coup d’oeil dans le rétroviseur, la carrière de Taj McWilliams-Franklin est incroyable. C’est tous simplement le genre de parcours qui force le respect. Une All-Star, une championne WNBA, une maman, une femme, mais surtout un exemple pour tous.

Le mot de la fin lui revient.

Nous sommes tous destinés à avoir des moments difficiles dans nos vies. Certains d’entre nous doivent traverser beaucoup de choses difficiles. Mais les choses changent, et vous pouvez décider que vous serez plus fort que tout le bazar qui peut vous arriver.

Vous en voulez encore un peu ?

Merci à Mona pour l’aide apportée lors de la rédaction de cet article.

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