Katie Lou Samuelson parle de santé mentale : “J’ai compris qu’il fallait que je demande de l’aide”.

Après Liz Cambage, qui s’était épanchée sur ses propres problèmes de santé mentale l’année dernière, c’est désormais à la jeune Katie Lou Samuelson de se confier sur cette même problématique et de partager son expérience personnelle. Entretien recueilli par Mechelle Voepel, journaliste chez ESPN. Swish Swish vous en propose la traduction.

Source : https://www.espn.com/wnba/story/_/id/29195427/katie-lou-samuelson-mental-health-journey-realized-needed-ask-help


Lorsque je reviens sur l’époque où je me débattais avec ma dépression et mes problèmes d’anxiété, j’ai l’impression que j’assemblais progressivement un puzzle. Lentement au début, parce que jusqu’à récemment, je ne comprenais pas vraiment ce qu’il se passait en moi.

En grandissant en Californie, mes sœurs et moi nous adorions le basketball. Bonnie et Karlie ont été jouer à Stanford mais j’ai pris une autre route : la côte opposée et UConn. D’autres californiennes avaient eu du succès là-bas, comme Diana Taurasi, Charde Houston et Kaleena Mosqueda-Lewis, et avaient placé la barre haut. J’étais prête pour ce challenge.

Bien sûr, j’ai dû m”adapter au froid de la Nouvelle Angleterre et à la chaleur des hautes attentes. Mais c’était un super endroit pour moi : J’adorais mes coéquipières, mes coachs et les fans. Nous avons atteint à quatre reprises le Final Four, et je suis repartie avec un titre national en poche. J’ai surpris pas mal de monde en étant choisie en 4e position par le Chicago Sky à la Draft WNBA de 2019. Tout semblait aller pour le mieux. C’est ce que je me disais en moi-même.

© Youtube

J’ai toujours eu l’habitude de trouver des excuses sur les raisons de mes humeurs. Je suis dure avec moi-même et j’ai pris l’habitude, avec le temps, d’avoir beaucoup de pensées négatives. Je me descendais plus bas que terre d’une manière dont je n’avais pas conscience. J’étais dans le déni à propos de comment je me sentais. Parfois, une petite voix au fond de ma tête me convainquait que je dramatisais et que tout allait bien. Je voulais être vue comme quelqu’un de fiable, dure et résistante, et je gardais donc tout pour moi.

Nos coachs à UConn étaient vraiment bons pour sentir les choses et voir ce qui se passait. J’ai eu des moments après des matchs où j’avais besoin de fondre en larmes; parfois vous avez besoin de relâcher cette pression. Je me rappelle être dans le vestiaire après un match, en pleurs et énervée. Les coachs me parlaient et me demandaient ce dont j’avais besoin. Je répondais quelque chose du genre : “Ça va, j’ai juste besoin de jouer le match prochain et tout ira bien.” Et je finissais par jouer un de mes meilleurs matchs. Et donc pour le moment, le problème semblait résolu.

© Danny Karwoski

J’étais très douée pour cacher tout ça. Mes amis et ma famille n’en avaient aucune idée. J’ai gardé beaucoup de choses pour moi. C’était un de mes problèmes aussi : Je ne voulais pas accabler les gens ou leur faire croire que je me cherchais des excuses.

Comme beaucoup d’athlètes, j’ai dû gérer des blessures. Je me suis cassé le pied lors des demi-finales de mon année freshman en 2016, et je n’ai pas pu jouer la finale NCAA. Rapidement lors de mon année junior, je me suis blessée à la cheville, ce qui s’est avéré être plus sérieux que je ne le pensais. J’ai joué malgré tout mais dès que la saison fut finie, j’ai dû me faire opérer. J’ai passé l’été à ma rééducation mais je suis revenue pour mon année senior.

Le basket a toujours été une échappatoire pour moi : quelque part où je pouvais aller et ne pas me soucier de ce qui se passait autour de moi. Mais je me suis tellement investie dans le basket, j’avais du mal à trouver une porte de sortie : quelque chose d’autre que j’aurais apprécié faire et qui m’aurait passionné. Parfois, je me sentais vraiment seule dans le sens où je n’avais rien d’autre qui m’aurait inspiré ou auquel j’aurais été connectée en dehors des terrains. C’est particulièrement dur pour une athlète d’être blessée lorsque votre identité est entièrement liée au basket et que vous essayez encore de comprendre ce qu’il y a autour.

Tout est connecté d’une manière ou d’une autre. En y repensant maintenant, je ne prenais pas soin de moi de la manière dont j’aurais dû. Je ne mangeais pas bien. Il y’a eu des périodes où je dormais 13 à 15 heures par jour. J’allais à entraînement et en classe et je retournais dans ma chambre et c’était tout.

Mais j’ai toujours réussi à faire ce qui devait être fait. Et pour moi, cela faisait partie aussi de ce déni que j’avais depuis si longtemps. Je pensais aux choses que j’avais, mes privilèges et l’opportunité que qui se présentait à moi alors que d’autres n’avaient pas cette chance. Et je pensais : de quel droit puis-je me plaindre ? Je savais que je me sentais vidée et sans moral, mais je continuais de penser que ce n’était pas grave. Ça ne pouvait pas l’être.

A la fac, je pensais : “La fois prochaine, je serai mieux émotionnellement, j’aurai le contrôle.” Et puis au début de ma carrière professionnelle, c’était : “je me sens comme ça parce que je ne joue pas beaucoup. Ça doit être la raison.” Et puis vous jouez un peu plus mais ça ne change rien. Je cherchais en permanence la raison. Mais j’ai appris que, parfois, il n’y a pas de raison. C’est quelque chose que vous avez progressivement bâti en vous jusqu’à ce que vous ne puissiez plus le gérer.

© Lorie Shaull

L’année dernière, j’ai réalisé que je devais demander de l’aide. Ce n’était pas un moment précis. Je me sentais juste dépassée par le moindre petit désagrément. Quelque chose d’insignifiant allait mal se passer et j’allais m’effondrer en larmes ou éclater de colère. J’avais l’impression de ne plus avoir de contrôle sur mes émotions. Finalement, j’ai contacté mon agent et on a mis en place un plan.

J’ai pu parler à un spécialiste de la santé mentale, quelqu’un qui avait plus de connaissances que moi. Quand j’ai commencé à lui parler de choses qui n’avaient pas de sens pour moi, elles en avaient complètement pour lui. Et j’ai senti un poids s’enlever de mes épaules.

Les temps sont durs pour tout le monde en ce moment, avec la crise du coronavirus et l’influence qu’elle a sur nos vies. J’ai été tradée aux Dallas Wings pour ma seconde saison WNBA mais je ne sais pas quand elle pourrait commencer. Je suis avec ma sœur Karlie, qui fait également partie du roster, ici en Californie à m’entraîner et essayer de me tenir prête pour ce qui arrivera. Je suis chanceuse d’avoir ma famille. Il y’a beaucoup d’incertitudes pour tout le monde.

Mais comme je l’ai dit, j’ai cherché d’autres passions à développer en dehors du basket. Je fais de la photo et je lis plus qu’avant. Je me mets moins la pression de vouloir tout comprendre ou d’être au top dans tout ce que je fais. J’essaye de rester dans le présent. Et je veux aider à éveiller les consciences sur la santé mentale aussi. C’est un sujet que j’arrive à aborder sereinement depuis peu. Ça a été un long parcours pour en arriver là. La pandémie et savoir à quel point cela pouvait avoir une influence pour beaucoup qui, publiquement ou peut-être de manière plus intime, luttent pour leur santé mentale, tout cela a joué un rôle pour que je rassemble le courage de partager mon expérience.

La chose la plus importante que vous devez finalement comprendre, c’est OK de ne pas être OK. C’est normal d’avoir des jours sans, de ne pas avoir le moral. Ce que vous choisissez de faire, voilà ce qui est le plus important.

J’ai eu l’opportunité via Puma d’être impliquée dans leur support du Projet Trevor, une organisation de prévention du suicide et d’intervention en cas de crise pour les jeunes LGBTQ. En tant qu’alliée à la communauté LGBTQ et ayant mon propre passif en ce qui concerne la prise de conscience des problèmes mentaux, je porterai fièrement les nouvelles chaussures Puma Sky Modern dont les profits vont au Projet Trevor. Je peux utiliser ma plateforme en tant qu’athlète pour en parler et c’est une chose pour laquelle je suis chanceuse d’avoir le soutien de la WNBA.

Les joueuse entrent dans la ligue et se sentent encouragées à parler de qui elles sont et de ce en quoi elles croient parce que nous avons vu les joueuses avant nous le faire. Il y a tant de nos femmes, particulièrement parmi les femmes de couleur, qui sont des leaders et des activistes et nous ressentons beaucoup de fierté de ce leadership.

© Lorie Shaull

Si vous m’aviez questionné au lycée, je n’aurais pas pu vous en dire beaucoup à propos de la santé mentale. A la fac, même si j’avais beaucoup de ressources et étais entourée de gens attentionnés, je masquais mes sentiments. Je n’étais pas prête pour en parler et je n’étais donc pas capable de demander à recevoir de l’aide.

Maintenant, je veux être capable de dire aux autres, en particulier les jeunes sportifs, que c’est bien de parler à quelqu’un. Ce n’est pas obligatoire que ce soit un professionnel dès le départ. Il faut juste que ce soit quelqu’un avec qui vous êtes à l’aise et en qui vous avez confiance. Ensuite, ensemble, vous trouverez les étapes suivantes.

S’il vous plaît, ayez conscience que vous n’êtes pas obligés de garder ça pour vous. Vous n’êtes pas seuls. Il n’y a rien dont vous devez avoir honte. Il y’a des ressources en ligne et des gens qui peuvent vous aider à travers des endroits comme le Projet Trevor. Les organisations de ce genre sont vitales, en particulier en des temps comme ceux que nous vivons.

C’est important que ce message soit entendu. N’importe qui peut avoir l’air super et être en pleine lumière mais on ne sait jamais vraiment ce qui se passe en coulisse.

Personne n’est à l’abri des problèmes de santé mentale. Peu importe qui vous êtes, peu importe le succès que vous avez ou ce que les gens perçoivent de vous depuis l’extérieur. N’importe qui peut être affecté, alors apprenez ce que vous pouvez et demandez de l’aide si besoin. Le parcours de chacun est différent mais plus que jamais, nous voyons à quel point nous sommes tous connectés. Alors soyons attentif avec nous même et prenons soin les uns des autres.

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