Vous devez absolument lire “Le Syndrome du Spaghetti”

On n’a pas vraiment pour habitude de vous conseiller des livres sur Swish Swish. Il y a quand même des choses inévitables et dont il serait triste de passer à côté. Comme par exemple un roman en français, écrit par une femme, dont le personnage principal est une jeune joueuse de basket qui rêve de WNBA.

Je pouvais difficilement ne pas vous parler du dernier Marie Vareille, “Le Syndrome du Spaghetti”, sorti le 8 octobre dernier dans toutes les bonnes librairies. Le pitch était forcément séduisant – que l’on ait l’habitude de lire des œuvres de la catégorie “jeunesse”, comme c’est mon cas, ou non – et cochait d’emblée pas mal de cases. Mais à vrai dire, je m’attendais naïvement à tomber sur une sympathique histoire d’ascension sportive à laquelle se mêlerait un peu de romance adolescente. Au final, j’ai pris une claque. Une belle claque, rassurez-vous. De celles qui laissent davantage une trace dans la mémoire et dans le coeur (vous comprendrez l’analogie en lisant le livre) que sur la joue.

Le basket a une place évidemment prépondérante dans cette histoire. Il sert de toile de fond, de décor, et rappellera sans doute des choses à celles et ceux qui ont eu l’espoir de s’y faire une place lorsqu’ils étaient enfants ou ados. Mais l’histoire de Léa, la lycéenne de 16 ans dont on suit les tribulations sur 280 pages, va beaucoup plus loin que ça. Sans vous révéler la trame, dire que le parcours, la vie et les ambitions de la star du club fictif de Tarny-sur-Seine se trouvent subitement et dramatiquement semés d’embûches est un euphémisme.

Honnêtement, ce que l’héroïne doit affronter donne la boule au ventre et représente très exactement ce que tout le monde redoute, que ce soit à ce âge-là ou plus tard dans sa vie. Il y a cet American Dream, ce point à l’horizon que l’on a envie de la voir atteindre, mais aussi la dureté de la vie et la manière dont elle peut basculer en un claquement de doigts. Car en plus d’une galerie de personnages attachants, la meilleure amie de Léa, Amel, ou Anthony, le love interest de Léa, basketteur au talent brut dissimulé par la misère sociale dans laquelle il a grandi, il y a un antagoniste majeur, dont l’ombre plane constamment au-dessus du récit : le Syndrome de Marfan.

Vous avez peut-être entendu parler de cette malformation cardiaque méconnue, aux conséquences parfois dramatiques, lorsqu’elle a été diagnostiquée au grand espoir français Jonathan Jeanne il y a quelques années, où à l’intérieur américain Isaiah Austin, les privant de la carrière à laquelle ils étaient promis. Marie Vareille, l’auteure, en est atteinte et ce que Léa doit affronter, la manière dont change son quotidien, elle l’a en partie connu.

Ce roman est en tout cas une ode à la résilience, mais aussi un vibrant message d’encouragement à accepter sa vulnérabilité tout en ne cessant pas de croire en soi.

Il y a du drame, de l’humour, des moments feel good, du basket, un personnage principal féminin fort et tout sauf cliché, mais aussi et surtout la garantie de passer un beau moment grâce à la plume très cinématographique de Marie Vareille.

Foncez !

Vous pouvez retrouver Marie Vareille sur sa chaîne Youtube. Elle y recommande des livres fréquemment et y donne aussi des conseils pour les aspirant(e)s auteur(e)s.

Elle a également écrit la trilogie d’Elia, “La passeuse d’âmes“, une saga d’heroic fantasy, mais aussi des romans plus ancrés dans le monde actuel comme “La vie rêvée des chaussettes orphelines“, sorti en 2019.

J’ai eu la chance de discuter avec Marie Vareille au sujet de son livre et de la manière dont elle en a abordé l’écriture.

Marie, quel est votre lien avec le basket, qui est la toile de fond du roman ?

Marie Vareille : Mon mari a longtemps joué au basket et en est fan. C’est quelqu’un qui continue à mettre son réveil pour regarder les matches, notamment en ce moment alors que l’on a un bébé de 3 mois, ce qui est pratique pour les biberons nocturnes (rires). J’en ai toujours beaucoup entendu parler, mais personnellement je n’avais pas d’attache particulière avec le basket.

Ca ne se voit pas, tout ce qui a trait au basket est très crédible et réaliste. Comment est-ce qu’on fait du coup, lorsque l’histoire que l’on a envie de raconter se déroule dans un milieu que l’on connaît peu ?

Au départ, j’ai fait mes recherches moi-même. En règle générale je n’aime pas faire lire ce que je suis en train d’écrire tant que ce n’est pas terminé. J’ai beaucoup utilisé Internet pour rendre l’univers crédible. Puis je l’ai fait lire à mon mari une fois l’écriture terminée, en lui demandant de faire attention à ce qui pourrait paraître incohérent ou mal formulé. Je suis contente qu’on me dise que c’est crédible parce que je dois avouer que c’était un peu un stress (rires). A force de lire des choses sur le basket, et notamment sur le basket féminin, j’ai trouvé énormément de sujets très intéressants, comme la rémunération des joueuses par exemple. Je n’ai pas pu tout explorer, mais ça m’a plu.

Le fait que le personne principal soit une fille qui veut réussir dans le sport m’a beaucoup plu, parce que ce n’est pas quelque chose que l’on retrouve fréquemment. Est-ce que ce choix est lié à l’envie de voir une meilleure représentation féminine dans les romans de ce genre ?

J’ai quasiment toujours choisi des héroïnes dans mes écrits. Que ce soit dans celui-là ou dans “Elia”, il y avait une volonté d’avoir des personnages féminins forts pour montrer justement que les filles peuvent tout faire. Elles peuvent sauver le monde, jouer au basket… A la base, c’est l’histoire de Jonathan Jeanne, repéré pour aller en NBA, puis recalé à cause du Syndrome de Marfan, qui m’a inspiré le roman. On imagine plus facilement un garçon dans ce rôle, mais j’ai trouvé ça plus intéressant de mettre une fille, parce que quelque part, puisque c’est une fille, c’est encore plus dur pour elle. Elle a déjà des obstacles à surmonter et elle doit en plus gérer celui-ci, insurmontable. Je trouve que ça change la perspective.

Comment est né le personnage de Léa ?

J’ai moi-même un Syndrome de Marfan. Je l’ai appris il y a quelques années parce que mon père s’est fait diagnostiquer et opérer d’urgence. Il est en bonne santé aujourd’hui mais ça a été un gros choc et on a eu extrêmement peur. Il se trouve que ce syndrome est mal connu, même par le corps médical. Chez certaines personnes, on le détecte parce qu’elles sont très grandes, très maigres. Pour des gens comme mon père et moi, c’est invisible à l’oeil nu et indétectable. Sans surveillance cardiaque et utilisation de bêta-bloquants, comme pour Léa, cela peut être très dangereux. On a l’aorte très fragile et un jour elle peut se fissurer et déclencher une hémorragie interne. Soit on est opérés dans les 4 heures, soit c’est fini. C’est un sujet que personne ne connaît car une personne sur 5 000 ou 6 000 est atteinte. Du coup, ça me tenait à coeur car en parler peut permettre d’éviter des drames. Si j’en suis aussi venue au basket, c’est parce que, comme je le disais, l’un des symptômes est d’avoir des bras et des jambes plus longs que la moyenne, ce que l’on retrouve souvent dans ce sport. Isaiah Austin, un basketteur américain qui devait lui aussi être drafté, n’a pas pu jouer en NBA et aux Etats-Unis à cause de ça. Il a perdu un oeil à cause de ça et son histoire est un peu tragique aussi.

Quel est le traitement lorsque l’on a le syndrome de Marfan et est-ce que cela vous empêche de pratiquer certaines activités ?

Moi je suis comme Léa, j’ai un traitement sous bêta-bloquants. Je ne suis pas supposée faire des efforts fractionnés et violents. A la base, je ne suis pas une grande sportive, si ce n’est pour de la course à pied. Quand c’est un effort régulier, ça ne pose pas de problème dans mon cas. Je fais régulièrement des examens et n’ai pas de problèmes. Pour le moment, ça n’a pas changé grand chose à ma vie. Le processus reste désagréable. On se dit qu’on a des contraintes. Je ne me sens pas malade et je n’ai pas de symptôme dans la vie de tous les jours. Mais savoir qu’on a quelque chose en soi qui pourrait dégénérer, c’est toujours perturbant. La démarche de Léa, qui n’accepte pas de prendre ses médicaments, c’est ce que j’ai vécu. Il a fallu que je vois mes neveux, qui ont 7-8 ans, le faire, pour me dire que je pouvais et devais le faire aussi.

Quand j’ai lu et terminé l’histoire, je me suis dit deux choses : ‘j’aimerais savoir ce que deviennent les personnages quelques années plus tard’ et ‘tiens, ça ferait une bonne série ou une bonne adaptation en film’. Est-ce que c’est quelque chose auquel on pense lorsque l’on écrit une histoire comme celle-là ?

J’adorerais le voir adapté. Je suis très films, séries et ça influence mon écriture. Dans ma tête, c’est très visuel. Quand j’écris, c’est un peu comme un film, oui, mais sur le coup, je ne me demande pas si ce sera adapté ou non. Certains de mes livres sont assez facilement adaptables, je pense, mais pour d’autres, c’est plus compliqué. Il y aussi des choses que l’on peut faire à l’écrit et pas à l’image. Je pense qu’on a souvent envie de voir ses livres adaptés, mais en France c’est toujours compliqué. Pour cette histoire là, je trouve effectivement qu’il y a une originalité au niveau de la protagoniste et du sujet.

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