Pour toute personne qui l’a traversé

Draftée en 3ème position de cette draft 2020 par le Fever d’Indiana, Lauren Cox a publié une très belle lettre dans “The Player’s Tribune“.

Elle y évoque son combat contre le diabète de type 1 et tout ce que représente ce choix de draft pour une jeune fille ayant connu un parcours de vie tel que le sien.


Je l’ai traversé.

C’est comme ça que je me décrirais, avant tout, à la fois en tant que personne qu’en tant que joueuse,  comme quelqu’un qui a livré de vraies batailles dans sa vie.

Comme quelqu’un qui a affronté l’adversité et qui n’a pas juste survécu – mais s’est épanouie.

Je sais que cette étape dans mon parcours, jouer professionnellement au basket en WNBA, sera une étape exigeante. Je sais que cela ne ressemblera pas à quelque chose que j’aurais déjà pu vivre – un tout nouveau challenge au plus haut niveau. Mais même si ce challenge sera nouveau pour moi, le concept de surmonter des challenges ne l’est pas.

Parce que comme je l’ai dit : Je l’ai traversé. Quand j’avais 7 ans, j’ai été diagnostiquée diabétique de type 1. A ce moment, j’étais trop jeune pour comprendre entièrement la gravité de ma maladie, mais j’ai compris tout de suite tous les efforts nécessaires pour suivre mon traitement. C’est la détermination constante de savoir que chaque jour, tout au long de la journée, que je le veuille ou non – mon diabète fait partie de moi.

Réveille toi. Vérifie ta glycémie avant le petit déjeuner. Fais ton injection par rapport à ce que tu as mangé au petit déjeuner. Vérifie ta glycémie encore une fois, 2 heures après. Et encore avant le déjeuner. Fais ton injection pour ce que tu as mangé au déjeuner. Vérifie encore ta glycémie 2 heures après. Vérifie encore ta glycémie avant le dîner. Fais ton injection pour ce que tu as mangé au dîner. Vérifie ta glycémie 2 heures plus tard. Et c’est juste le minimum. Au moindre symptôme – il faut contrôler ta glycémie. Si je suis trop basse, cela veut dire que je dois prendre du sucre. Si je suis trop haute, cela veut dire que je dois me faire une autre injection. Et je dois répéter ça encore le jour suivant.

Tous les jours, tout au long de la journée, que je le veuille ou non – mon diabète fait partie de moi.

Je peux dire honnêtement que ça a complètement changé ma vie.

A 7 ans, plus ou moins du jour au lendemain, je suis passée de cette enfant qui ne se souciait pas du monde autour d’elle, à une personne avec de vraies responsabilités. Et ce n’était pas le type de responsabilités que l’on peut éviter. Tu prends un jour de repos dans ton traitement… les conséquences ne sont pas 5 minutes au coin ou une réprimande, c’est la vie ou la mort – tu dois le faire.

Tu dois être la.

Alors pourquoi est-ce que je parle de tout ça maintenant ? Ce n’est pas pour avoir votre sympathie, ça je peux vous le promettre. La sympathie ne m’a jamais intéressée. Et ce n’est pas pour l’attention, ça je peux aussi vous le promettre. Je n’ai jamais voulu de l’attention pour ma maladie et j’ai fait en sorte de ne pas avoir été définie par ça. La raison pour laquelle j’en parle maintenant, c’est parce que je pense que gérer une maladie comme le diabète et atteindre le plus haut niveau dans un sport – le plus haut niveau dans n’importe quoi, honnêtement – est en fait quelque chose d’assez essentiel.

Dans les deux cas, il n’y a pas de jours de repos… ce qui veut dire qu’il n’y a pas d’excuses.

Et je pense que c’est mon refus de céder à la tentation de me trouver des excuses qui m’a donné un avantage. Ça a été mon refus de m’apitoyer sur moi-même après une mauvaise possession, une défaite difficile, ou des playoffs décevants, ou encore la peur d’une blessure. Ça a été ma capacité à utiliser chaque échec auquel j’ai fait face comme carburant : de ne pas juste revenir après ça, mais de revenir meilleure. Et c’est mon acharnement à ne pas vouloir être une « jolie petite histoire » ou une « bonne joueuse pour une diabétique ».

Je veux être exceptionnelle.  

Ça a été mon refus de céder à la tentation de me trouver des excuses qui m’a donné un avantage.

C’est pourquoi, le jour où j’ai été draftée, j’ai voulu publier cette lettre.

Je voulais écrire un message pour toute personne qui « l’a traversé » – qu’elle soit diabétique comme moi, ou souffre d’une autre maladie, ou qu’elle ait enduré n’importe quelle difficulté ou obstacle. Je voulais écrire quelque chose pour toute personne qui a entendu dire que les statistiques n’étaient pas de son côté, toute personne qui a vu une montagne tomber devant elle quand elle était en train de poursuivre son rêve.

Si tu fais partie de ces personnes… je veux que tu saches que moi aussi.

Et je veux que tu saches que je ne suis pas seulement le troisième choix de la draft. Je ne suis pas juste Lauren Cox, intérieure de 1,93 m de Baylor. Je suis beaucoup plus que ça.

Je suis aussi chaque version de moi-même qui m’a amenée ici.

Je suis cette petite fille de 7 ans assise aux urgences, essayant de comprendre que sa vie ne serait jamais plus la même. Je suis cette petite fille de 8 ans qui ne pouvait pas retenir ses larmes quand elle voyait ses amis avoir l’air tellement insouciants et qui se demandait : pourquoi moi ??? Je suis cette petite fille de 12 ans qui a enfin (enfin !) battu son père en 1 contre 1 dans l’allée pour la première fois. Je suis cette fille de 13 ans qui a commencé à  comprendre qu’elle était une athlète vraiment spéciale – tout en portant une pompe à insuline. Je suis cette adolescente de 15 ans qui s’est tenue face à des joueuses exceptionnelles avec Team USA U16 et qui, à 17 ans, s’est tenue face à des joueuses encore plus exceptionnelles en U19.

Je ne suis pas juste Lauren Cox, ailière forte de 1,93 m de Baylor. Je suis suis beaucoup plus que ça.

Je suis cette jeune femme de 18 ans qui est arrivée sur le campus à Waco, m’attendant à être parfaite… et qui a appris la leçon inestimable que la perfection prend du temps. Je suis cette jeune femme de 19 ans qui a travaillé tellement dur, à la fois mentalement et physiquement, qu’elle est passée d’une freshman à 8 points, 4 rebonds, 1 passe décisive en 13 minutes de moyenne, à une titulaire en tant que sophomore à 15 pts, 10 rebonds et 3 passes en 30 minutes. Je suis cette jeune femme de 20 ans qui a été abattue par une terrible blessure au genou pendant la finale du championnat NCAA, mais qui est revenue sur le terrain, en béquilles – coachant et encourageant, faisant tout ce que je pouvais pour m’assurer que mes coéquipières ramènent ce titre à la maison.

Je suis cette jeune femme de 21 ans, vous écrivant maintenant… qui a d’un coup appris à gérer un tout nouveau monde, avec son ancien monde complètement retourné. Les diabétiques, même à mon âge, sont considérés comme faisant partie de la catégorie « à risque » face au coronavirus – et je ne vais pas vous mentir, ça fait assez peur. Mais d’une façon assez bizarre, je sens aussi que c’est quelque chose pour lequel je me suis préparée toute ma vie.

Parce que, autant traverser une pandémie mondiale est définitivement quelque chose de nouveau pour moi, autant gérer l’adversité ne l’est pas. Et comme toutes les adversités auxquelles j’ai fait face, mon but n’est pas juste de la surpasser. C’est de ressortir de ça plus forte que jamais.

Et c’est juste tout ce que je voulais dire ici.

Donc pour toute personne regardant la Draft ce soir qui voit des similarités entre mon histoire et la sienne : sache que je te vois. Et tu peux le faire.

Nous pouvons le faire.

Et pour toutes les autres personnes, je vais juste demander une chose : ne m’encouragez pas parce que je suis une survivante.

Encouragez moi parce que j’ai survécu pour devenir : une fille, une sœur, une coéquipière, une amie. Une leader passionnée. Une compétitrice acharnée. Une constante gagnante.

Et en toute humilité ?

Une sacrée joueuse de basket.

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