La WNBA a un problème : il s’appelle Kelly Loeffler

Voilà plusieurs mois que j’ai envie d’écrire sur Kelly Loeffler, à vrai dire. Le moment ne me paraissait jamais bon et les éléments à charge un peu compliqués à étayer à 7 000 km d’Atlanta. Mais depuis le jour où je suis tombé un peu par hasard sur un article de la presse locale à son sujet, le malaise est là.

Le moment d’évoquer le cas dérangeant de la co-propriétaire du Atlanta Dream est venu.

On pouvait déjà se demander, depuis son arrivée en 2011, ce que faisait Loeffler dans une ligue aussi inclusive et progressiste. Aujourd’hui, la WNBA est plus que cela. Ses joueuses sont en première ligne du mouvement Black Lives Matter, mais aussi d’autres thématiques cruciales de société autour de l’égalité hommes-femmes, des droits LGBT ou des errements du système carcéral.

Quiconque adhère aux valeurs défendues par la ligue aura du mal à faire un constat différent : Kelly Loeffler n’a rien à faire en WNBA.

Ce n’est finalement que très récemment qu’elle a dévoilé son vrai visage. Lors des premières années de son règne, j’aurais été bien incapable, comme beaucoup, de dire à qui appartenait cette franchise qui m’était jusque-là plutôt sympathique. La ville d’Atlanta a une symbolique forte dans l’histoire des Etats-Unis et on l’associe souvent à Martin Luther King et à son combat. C’est évidemment inspirant. Sur le plan sportif, j’ai toujours apprécié Angel McCoughtry et, si vous vous êtes déjà aventuré sur Swish Swish, vous connaissez peut-être mon immense coup de coeur pour Shoni Schimmel. Pas d’aversion pour Atlanta et son club, donc, jusqu’à ce que j’entende parler de l’infâme Kelly Loeffler.

Une anti-TOUT, mais une adoratrice de Trump

Loeffler est une sénatrice républicaine. Cette affiliation politique pourrait ne pas poser le moindre problème si on parlait du Parti Républicain à l’ancienne, pas forcément très évolué sur les questions qui nous intéressent, mais généralement ouvert au dialogue. La businesswoman de 49 ans n’est pas de cette mouvance, mais plutôt de celle qui a porté Donald Trump jusqu’à la Maison Blanche en 2016. Et si ses convictions politiques étaient jusqu’ici restées en sommeil, ce n’est plus du tout le cas depuis qu’elle siège au Congrès.

Kelly Loeffler se place elle-même sur l’aile conservatrice de l’échiquier du parti. Elle a ainsi oeuvré pour l’élection de Trump et se prépare à être particulièrement active pour que l’illuminé de la Maison Blanche fasse un second mandat. En soi, ce n’est même pas ça le problème. Plusieurs propriétaires de franchises NBA soutiennent financièrement Donald Trump ou sont des amis personnels, comme le désespérant James Dolan aux New York Knicks ou la rétrograde famille DeVos au Orlando Magic. Ni Dolan, ni DeVos, n’ont pourtant la moindre chance d’être forcés à décamper par la ligue comme l’avait été Donald Sterling, tout de même parti avec un chèque de 2 milliards de dollars après la vente des Los Angeles Clippers au sortir d’une énorme polémique. Là où Loeffler pose problème, c’est qu’elle est extrêmement vocale et absolument transparente sur des positions complètement aux antipodes de celles défendues par la WNBA.

Loeffler est une farouche opposante au droit à l’avortement, prône le droit au port d’armes pour tout le monde (ou presque, vous verrez le biais dans quelques instants), applaudit des deux mains la construction du mur entre les Etats-Unis et le Mexique ainsi que le manque d’humanité de l’administration Trump en matière d’immigration et se bat quotidiennement pour que des juges conservateurs soient nommés à la tête de tribunaux fédéraux.

Bienvenue au XVIIIe siècle.

Ces dernières semaines, Kelly Loeffler a passé la seconde, dans une période où cela ne pouvait plus passer inaperçu. Sur Fox News – où aurait-elle pu le faire sinon ? – la sénatrice de Géorgie a clairement exprimé son mépris pour les droits constitutionnels des Afro-Américains en qualifiant de “mob” (groupe mafieux, pègre ou bande organisée en VF) des citoyens noirs armés après un nouveau drame impliquant la police d’Atlanta. Peu de temps auparavant, elle avait semblé nettement moins perturbée à la vue d’Américains blancs exposant des armes de guerre en plein jour façon milice pour “aider les forces de l’ordre”.

Dans la foulée, Loeffler a sereinement posté une vidéo de soutien à la Family Policy Alliance, une organisation anti-LGBTQ, puis critiqué la décision de la Cour Suprême (donc pas du petit tribunal du coin) qui venait de démanteler une loi anti-avortement votée en Louisiane.

Comment la faire partir ?

En d’autres temps, avoir une femme avec ce profil dans le paysage aurait pu être ignoré. Pas en 2020, alors que la WNBA, et donc une immense partie des joueuses du Dream, est concernée. On ne peut imaginer Renee Montgomery, qui s’est retirée de la saison 2020 justement pour accompagner l’avancée du mouvement Black Lives Matter, se réjouir d’avoir Loeffler comme propriétaire. Le terme est déjà assez exécrable en temps normal. Il est encore plus grinçant dans ce cas précis… Deux tiers des joueuses WNBA sont noires et personne n’ignore le nombre important de joueuses homosexuelles dans la ligue. Si elles sont aussi présentes, c’est justement parce qu’elles se sentent à l’aise dans un milieu et une organisation qui les acceptent pleinement.

Malheureusement, il ne sera pas simple d’évincer Kelly Loeffler. Lorsque Donald Sterling avait été contraint de vendre les Clippers, Adam Silver et ses subordonnés pouvaient s’appuyer sur le flagrant délit de racisme du businessman californien, mais aussi sur le fait qu’il n’occupait aucun rôle politique. Comment forcer la main à une sénatrice américaine, plus puissante sur le plan local et national que ne l’était le milliardaire de L.A. ? En l’état, il faudrait qu’un acquéreur se présente et rachète le Dream. Peut-être même que la franchise déménage, aussi triste cela puisse-t-il être pour une ville qui aime le sport et son équipe. Pour cela, il faudrait aussi que Loeffler se sente suffisamment indésirable pour ne pas s’éterniser.

Les voix commencent justement à s’élever chez les joueuses, dans une période où elles ont pourtant d’autres chats à fouetter. Deux stars du Seattle Storm ont déclenché les hostilités cette semaine, en citant un article à charge de Shalise Manza Young sur Yahoo Sports. Sue Bird et Alysha Clark ont repris cette question qui pourrait devenir insistante dans les mois qui viennent : “Pourquoi Kelly Loeffler est-elle toujours en WNBA ?”.

On aimerait bien pouvoir encourager les joueuses du Dream à l’avenir, sans avoir comme arrière-pensée que leur succès profiterait injustement à une femme qui ne le mérite pas.

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3 commentaires sur

La WNBA a un problème : il s’appelle Kelly Loeffler

  • Kemet

    Pourquoi encourager la censure des gens qui ne pensent pas comme vous ?
    Cette femme je ne la connais pas mais elle a droit à ses opinions, aussi stupides et affreuses que vous les trouverez. Si ça embête des joueuses wnba et ben qu’elles ne jouent pas pour Atlanta.
    Quant au mouvement blm, la majorité des Afro-Americans qui apprennent que c’est un mouvement politique créé par 2 lesbiennes, noyauté par des idées politiques d’extrême gauche, rejettent ce mouvement. Ils ne représente en rien le vrai combat à l’égalité des noirs américains.
    La wnba c’est pire, des féministes fortes et indépendantes sous perfusions des hommes de la nba. Pathétique. Parlez aussi des joueuses discriminees car elles n’étaient pas lesbiennes.
    J’espère que le Corona aura raison de cette mascarade qui ne rapporte rien car aux antipodes des normes familiales d’une société normale. Personne n’a envie de ramener ses enfants à des matchs ou sa respire plus le lgbtq que du basket. Et ça malgré toute la propagande en faveur de la wnba. L’évidence est là, que la wnba pense d’abord à sa qualité basket au lieu des combats politiques et societaux. Ces lesbiennes n’ont pas la puissance médiatique et le talent des hommes des la nba pour imposer leur point de vue.

  • Kemet

    Ah oui. J’oubliais. Osez poster un point de vue aux antipodes du votre pour que l’on voie votre ouverture d’esprit. Si vous ne le faites pas, ne vous étonnez pas quand d’autres vous le feront.

    • Stéphanie Lahaye

      J’ose, aucun problème. Par contre, je ne dépenserai pas de temps à essayer de débattre avec vous. La liberté d’expression est sauvée, vous avez pu écrire votre pamphlet homophobe sur le site. Ouf !

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