Petit guide de la Free Agency 2022 : 4. les gros poissons sur le marché

Avec la nouvelle année qui commence, le monde de la balle orange au féminin se tourne petit à petit vers la saison à venir. Et si le premier coup de semonce a été donné avec la loterie de la draft récemment qui a vu le premier choix être attribué aux Washington Mystics, ce sont maintenant les choses sérieuses qui débutent avec l’arrivée prochaine de la Free Agency : la période des signatures des nouveaux contrats et de constitution des équipes pour la saison à venir.

Pour vous accompagner et vous préparer à cette période essentielle de préparation de la saison prochaine, nous vous avons concocté un petit guide. Si vous ne l’avez pas encore lu, la partie 1 de ce guide rappelait les bases du fonctionnement des contrats en WNBA pour bien en comprendre les rouages, la partie 2 s’intéressait à la situation des équipes de la Conférence Est, la partie 3 à la Conférence Ouest. .

Jonquel Jones

Jonquel Jones

On commence par à la fois du très lourd et du relativement simple. Du lourd car depuis près d’un an et demi, Jonquel marche sur l’eau. Qu’il s’agisse de WNBA, où elle vient de finir MVP de la saison régulière, en Europe où elle est une des pièces maîtresse de l’armada invincible d’Ekaterinburg ou avec sa sélection nationale bosnienne qu’elle a emmené en quart de finale du dernier Euro, Jonquel domine. On la savait intraitable au rebond et dominatrice de manière générale dans la raquette. Elle a en plus été une menace efficace de loin. Un alliage complet qui ne lui a malheureusement pas permis d’aller au bout lors des derniers playoffs, seul ombre au tableau de ses récentes performances. On ne peut toutefois lui en jeter la pierre et le déséquilibre entre le frontcourt et le backcourt de l’effectif est sans doute plutôt à montrer du doigt.

Au vu du peu de flexibilité dont risque de jouir Connecticut, il y a fort à parier que l’équipe soit sensiblement la même pour la saison à venir. Si elle sentait que cela puisse être trop juste pour ses envies de victoire, cela pourrait-il donner des envies d’ailleurs ? Impossible ! Premièrement car Jonquel a l’air pleinement épanouie sous les ordres de Curt Miller. Depuis son arrivée sur le banc, Jonquel a d’abord été élue MIP en 2017 puis meilleure 6e joueuse en 2018. Titularisée à partir de 2019, elle est devenue désormais la claire Franchise player de cette équipe. Un environnement qui semble donc lui convenir parfaitement. La seconde raison est que de toute façon la franchise vient de la désigner avec le statut de Core Player. Une restriction qui l’empêche d’aller négocier avec le reste de la ligue en contrepartie d’un salaire maximum. En parlant de salaire, Jonquel avait d’ailleurs récemment re-signé avec le Sun sur un contrat court pour lui permettre d’être dans les conditions du supermax à cette Free Agency. Un supermax que seul le Sun pouvait lui offrir. Bref, sans surprise, la Mother of Dragons, son nouveau surnom, va continuer d’écrire son histoire dans le Connecticut. Restera ensuite à la franchise à réussir à compléter un effectif avec les miettes se salaire restantes. Mais cela est une autre histoire.

Breanna Stewart

Breanna Stewart WNBA

Situation relativement similaire pour Breanna Stewart à Seattle. Draftée en 2016, Stewie est considérée depuis ses premiers pas en vert et or comme le nouveau visage de la franchise. A raison puisque dans ses seulement 6 premières saisons (5 si on exclut la 2019 où elle était blessée), Breanna a déjà remporté 2 titres avec Seattle, repartant à chaque fois avec la distinction de MVP des Finales. Stewie semble bien au Storm et on ne voit pas la franchise miser sur un autre cheval, cela n’aurait aucun sens. Elle aussi pourrait recevoir la Core designation qui la lierait immanquablement avec Seattle cette saison. Dans tous les cas, Seattle dispose de toute la flexibilité nécessaire pour lui donner le contrat à hauteur de son talent et continuer à l’entourer correctement. Comme pour Jonquel, Breanna avait également fait coïncider la longueur de ses contrats précédents avec cette Free Agency particulière pour être dans les conditions du supermax que seul Seattle pourra lui offrir. Tous les voyants semblent donc au vert et voir Stewie dans un autre uniforme au mois de mai serait une surprise de taille.

A’ja Wilson

Pour continuer dans les cas qui devraient être de simples formalités administratives, on imagine mal A’ja Wilson porter autre chose que le maillot noir des Aces en 2022. En quelques années, la MVP 2020 est rapidement devenue le visage de la franchise. Malgré le changement de Front Office, il paraitrait très improbable que l’équipe ne mise pas sur elle pour l’avenir. Il est à noter en plus qu’A’ja a le statut de Restricted Free Agent, ce qui veut dire que n’importe quelle équipe peut lui proposer un contrat qui obligera les Aces à s’aligner s’ils veulent la conserver. Un cas qui parait de toute façon peu réaliste. Le scénario attendu est le suivant : le premier jour des négociations, la franchise arrivera avec une offre au maximum pour la jeune intérieure et la messe devrait être dite tout aussi rapidement.

Courtney Vandersloot (et Allie Quigley)

Comme pour les 3 joueuses précédentes, Courtney Vandersloot est une pièce maitresse de son équipe du Sky, avec laquelle elle vient de remporter le premier titre de sa carrière. Dans le grand chantier que représente cette intersaison pour le Sky, Courtney sera sans doute la cible numéro 1. En effet, l’équipe peut compter désormais sur les dernières années de carrière de Candace Parker et l’exercice 2021 a montré que le contenu était encore de niveau élite. Sloot, de son côté, est toujours la chef d’orchestre numéro 1 de cette armada. Pour espérer aller chercher le back-to-back, un exploit qui n’a plus été réalisé depuis 2002, Chicago devra récupérer la meneuse pour garder son ossature principale et y mettra probablement le prix. Du côté de Sloot, on ne voit pas dans quel univers elle pourrait avoir des envies d’ailleurs, tant elle semble bien sous les couleurs qu’elle a toujours connues.

Un détail cependant est à mentionner. Allie Quigley, son épouse et coéquipière, est également agent libre. On a vu récemment le couple accorder ses agendas pour obtenir le droit de jouer ensemble, à Ekaterinburg notamment. Signer une des membres du tandem Vanderquigs c’est avoir une grande probabilité de signer le package complet. Mais là se pose alors la question du montant auquel signer Allie. Qu’on se comprenne. Malgré ses 35 ans, Allie Quigley a encore montré cette saison à quel point elle était valuable pour l’équipe. Même si elle était replacée en sortie de banc, un rôle qu’elle a retrouvé avec plaisir et qui aurait pu la voir être élue meilleure sixième joueuse, l’impact d’Allie sur les victoires de son équipe n’est plus à démontrer. Mais ce n’est pas lui faire injure que de dire qu’il y a désormais des joueuses devant elle dans la hiérarchie de l’effectif. A combien ce rôle peut-il est évalué ? Chicago n’est pas l’équipe disposant de la marge la plus folle, surtout à cause du nombre de places vacantes dans l’effectif qu’il faut combler. Mettre trop d’argent sur Allie Quigley c’est prendre le risque de ne pas pouvoir compléter efficacement l’effectif et/ou de nuire à la flexibilité de l’équipe à long terme. En mettre trop peu pourrait vexer l’arrière, voire le duo au complet. Difficile de croire que ces questions n’aient pas déjà été discutées, au sein du coupe et avec la franchise. Les deux arrières représentent tellement l’âme du Sky qu’un divorce parait impossible à concevoir. Ce seront en tout cas des questions que James Wade et son équipe ne pourront éluder dans les semaines à venir.

Liz Cambage

Qui peut prétendre deviner les intentions de Liz Cambage ? A l’heure actuelle, la question n’est pas tant de savoir pour quelle équipe jouera l’intérieure australienne mais si elle jouera cette saison en WNBA. Son histoire avec la WNBA a toujours été mouvementée et entrecoupée d’épisodes d’absences. Qu’en sera-t-il cette année ? De prime abord, nous pensions qu’avec une coupe du monde à domicile juste en sortie de saison WNBA, Liz en aurait profité pour se concentrer sur ses obligations nationales. Sa récente éviction de la sélection rebat les cartes et nul ne peut dire aujourd’hui comment en sera affecté la saison de Cambage. Si elle décide de revenir en WNBA, Las Vegas parait toujours la destination la plus probable. Après plusieurs saisons à Tulsa et Dallas, où elle aura semblé parfois trainer sa peine, Vegas l’a accueillie à bras ouverts depuis 2019. Là plus que nulle part ailleurs, elle a semblé s’épanouir, tout d’abord en Franchise Player en 2019, et en acceptant un rôle en second et plus défensif en 2021. En cas de retour, on imagine bien Becky Hammon et la franchise du Nevada proposer un gros contrat pour s’en attacher les services. Reste toujours la possibilité de la désigner Core Player pour s’assurer de ne pas la voir partir mais attention, il s’agirait de la 2e année d’affilée et Liz Cambage pourrait ne pas apprécier qu’on lui force la main.

Sylvia Fowles

En parlant d’intentions de la joueuse à décrypter, le cas Sylvia Fowles est de ceux qui pourrait agiter sérieusement cette Free Agency. Depuis plusieurs semaines et mois, l’avenir de Sylvia Fowles fait jaser et les rumeurs se multiplient. Dans un premier temps, le vent semblait tourner dans la direction d’une retraite. Un move qui en aurait surpris plus d’un. En effet, même si l’intérieure doublement titrée a désormais 36 ans et l’essentiel de sa carrière derrière elle, elle n’en est pas pour autant finie, c’est un euphémisme. La saison dernière Sylvia Fowles a évolué à rien de moins qu’un niveau calibre MVP et sera auréolée du titre de défenseure de l’année, pour la 4e fois de sa carrière. Difficile dans ces conditions l’imaginer purement et simplement raccrocher les sneakers. Les rumeurs plus récentes font plutôt état de possible départ. Il parait en tout cas clair que Fowles a l’intention de tester sa valeur sur le marché. Son précédent contrat ayant été signé sous le précédent CBA, c’est la première fois pour elle qu’elle a l’occasion de toucher quelque peu les nouveaux salaires. Elle aurait tort de s’en priver.

Difficile donc de savoir quelles sont ses intentions et surtout ses motivations. En a-t-elle marre du froid du Minnesota ou simplement d’un dernier challenge sportif ? Est-ce juste l’opportunité de faire une dernière opération financière intéressante ? Sent-elle qu’elle entre moins dans les projets de transition de la franchise, elle la dernière rescapée de l’épopée 2017 ? Peut-être finalement n’est-ce là que du bruit et le mois de mai verra Sylvia Fowles en tenue sous les ordres de Cheryl Reeve comme à l’accoutumée, prête à en découdre avec toutes les intérieures de la ligue.

Sue Bird

Sue Bird Seattle Storm Chicago Sky

En parlant de longévité… Sue Bird a désormais 41 ans et pourrait flirter avec les 42 d’ici la fin de cette saison. Et le moins que l’on puisse dire c’est que tata suzanne en a encore dans le moteur. Parfaite maestro d’une équipe encore bien compétitive, Sue n’arrêt pas d’impressionner par sa capacité à être encore et toujours au top. Alors qu’on l’imaginait faire un pas de côté et tirer brillamment sa révérence après une dernière pige ponctuée d’une olympiade dorée, Sue vient de confirmer son retour. Elle aime jouer, elle peut toujours jouer et surtout, elle souhaite jouer dans la nouvelle salle que le Storm inaugurera cette saison. Sue sera donc bien en tenue cette saison mais doit encore signer son contrat mais ne tergiversons pas. Il n’existe aucun scénario où Sue change d’équipe. Le Storm c’est Sue. Et la voir dans un autre maillot que le vert et or serait une hérésie blasphématoire. Nous ne sommes pas prêt pour cette éventualité.

Tina Charles

Tina Charles

Incandescente comme jamais en 2021, il est clair que Tina Charles sera très courtisée lors de cette Free Agency. Auteure d’une saison historique à titre individuel, Tina n’a pourtant pas rencontré ses attentes à Washington. Après plusieurs saisons esseulée à New York, l’intérieure souhaitait trouver un nouvel environnement compétitif pour se mêler à la chasse au titre. Les blessures en ont décidé autrement et Tina s’est retrouvée une fois de plus à devoir jouer les superwoman d’un effectif décimé. Quelle est donc son intention pour la saison prochaine ? Poursuivre avec Washington, en espérant un retour en forme d’Elena Delle Donne qui changerait complètement la donne ? Ou tenter de se faire embaucher par une équipe contender ? Quelles seront ses prétentions salariales ? Pas mal d’équipe ont une flexibilité plus que problématique et cela pourrait restreindre les choix pour Tina. Un cas particulièrement incertain qui pourrait marquer le début de dominos en chaine dans cette intersaison 2022.

Angel McCoughtry

Angel McCoughtry

Ces dernières saisons, Angel McCoughtry a fait comble de malchance. Après une année 2019 totalement vierge pour cause de blessure, Angel était revenue en 2020 sous les couleurs de Las Vegas où elle avait semblé affutée plus que jamais et avait été un des fers de lance de l’équipe finaliste. La saison 2021 la vue une fois de plus devoir faire un pas de côté, de nouveau pour blessure. On le sait, Angel aspire à obtenir le titre qui manque tant à son palmarès et Vegas semble un endroit parfait pour tenter cela. On imagine donc sa re-signature faire partie des plans des Aces. Quant aux intentions d’Angel, elles sont plus difficiles à discerner. On la vu récemment s’entrainer en privé à Atlanta ou prendre la jeune Chennedy Carter sous son aile. De quoi alimenter les rumeurs d’un retour au Dream. Mais qu’en est-il alors de ses envies de titre rapide ? Même avec une intersaison brillamment menée, on imagine mal le Dream pouvoir se mêler à cette conversation avant un certain temps. Vegas, Atlanta, ou ailleurs ? La question reste ouverte pour Angel.

Jewell Loyd

Jewell Loyd

Quelles sont les intentions de Jewell à l’approche de cette Free Agency ? C’est la question que doit se poser très sérieusement le management de Seattle. En terme de talent, Jewell à la carrure pour être l’option numéro 1 de n’importe quelle équipe dans cette ligue. Déjà en possession de 2 titres malgré son jeune âge, pourrait-on la voir vouloir tenter sa chance ailleurs pour être plus sous les feux des projecteurs, à l’instar d’une Natasha Howard la saison dernière ? On doit l’avouer, voir la Gold Mamba, numéro 24 dans le dos, porter un maillot purple and gold, l’image a du potentiel.

Mais il ne s’agit là à ce stade que de pures spéculations. Jewell n’a jusque là fait état d’aucune volonté de départ. L’alternative consiste d’ailleurs à rester “seulement” numéro 2 de Breanna Stewart et former avec elle un duo offensif formidable. Un choix de riche donc pour Jewell qui semble on ne peut mieux dans la franchise qui l’a draftée en 1e position en 2015. Reste la possibilité pour le Storm de la désigner Core Player mais attention. Seattle n’a droit qu’à une seule Core Player. Désigner Jewell, c’est donc prendre le risque de voir Stewie pouvoir partir, et inversément.

Kahleah Copper

Que vaut Kahleah Copper sur le marché ? En constante progression depuis 2 saisons, KFC (pour Kahleah Freaking Copper) a encore augmenté le niveau d’un cran cette saison pour se voir élue All-Star mais aussi et surtout MVP des récentes Finales. Un nouveau statut qui va donc pouvoir être validé par la signature d’un nouveau contrat. Un timing parfait qui devrait permettre à l’ailière athlétique de toucher le gros lot cet hiver. Mais cela aura-t-il lieu à Chicago ? Au vu de son impact sur les récents playoffs, on imagine mal le Front office de Chicago ne pas vouloir miser sur elle le plus possible. Des choix seront à faire car il ne sera pas possible de signer tout le monde et il est probable que Diamond DeShields et/ou Stefanie Dolson n’en fasse les frais. Le Sky devra faire des choix mais au vu des récents, événements, Copper est certainement celle qui tient la corde.

Julie Allemand et Marine Johannes

Terminons ce petit panel par nos chouchoutes nationales. Dans le cas de Julie et Marine, la question n’est pas tant de savoir pour qui vont-elles jouer mais si elles vont jouer. L’une comme l’autre avaient fait l’impasse la saison passée pour pouvoir se concentrer sur la double échéance de leurs sélections nationales. Avec un calendrier mieux adapté cette saison – elle devrait se clôturer avant la tenue de la coupe du monde – il est possible que nos deux joueuses traversent l’atlantique. Julie a récemment parlé du contrecoup des dernières olympiades et de la charge mentale que ça avait représenté pour elle, précisant qu’elle prendrait le temps qu’il lui faudrait pour récupérer. L’une comme l’autre accusent certainement le contrecoup d’un calendrier très chargé sur les derniers mois mais le pressing des franchises pour les voir venir sera certainement présent, en particulier pour Julie à Indiana. Privée de sa jeune meneuse, la franchise a paru encore plus dans le dure qu’a l’accoutumée sur le dernier exercice. Dans tous les cas, Marine et Julie ont le même statut, à savoir celui de joueuse en expiration de contrat suspendus. Cela signifie que la seule équipe avec laquelle elles pourront négocier sera leur ancienne. Si elles décidaient donc de franchir le pas, pas de surprise, Julie irait à Indiana et Marine à New York. En tant que fan, nous n’attendons que ça.

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