Quand la carrière WNBA d’Emma Meesseman débutait comme une excuse pour louper un examen.

Source : https://theathletic.com/1249527/2019/09/29/emma-meessemans-wnba-journey-began-as-an-excuse-to-postpone-exams-now-shes-one-of-the-mystics-best-players/

Le soir de la Draft, la plupart de joueuses WNBA sont soit sur place, vêtues de leurs plus beaux atours et prêtes à serrer la main de la Commissioner ; soit à une soirée de diffusion de la cérémonie organisée par leur université ; ou bien à la maison, en train de regarder la télévision, retenant leur souffle et se tenant la main avec leurs proches, attendant que leur nom soit prononcé.

Mais en 2013, Emma Meesseman, alors âgée de 19 ans était de l’autre côté de l’océan, profondément endormie lorsque les Washington Mystics l’ont sélectionnée au second tour, avec le 19e choix.

« Je savais que c’était cette nuit là, mais je n’avais aucune idée de comment suivre la cérémonie. Donc je dormais, » indique Meesseman à The Athletic, alors que son équipe se prépare à jouer le Connecticut Sun lors du Game 1 des Finales WNBA.

Même lorsqu’un proche qui suivait le basket américain la réveilla avec un message pour lui apporter la nouvelle, elle ne célébra pas la nouvelle ou fondit en larmes de joie. Elle se contenta de hausser les épaules et de retourner dans son lit. Tout cela ne lui semblait pas réel.

« C’est l’Amérique vous savez . C’est loin. Ça fait adulte. J’étais encore  à l’école », nous confiait Meesseman. « J’avais des examens à ce moment-là ».

Sa famille avait toujours accordé beaucoup d’importance à l’enseignement, et, même si elle était déjà joueuse professionnelle en France, elle avait la ferme intention d’obtenir son diplôme. De plus, elle avait entendu de plusieurs autres joueuses européennes que parfois, les joueuses internationales n’allaient pas en WNBA immédiatement après leur draft. Elle pensait qu’il y’aurait du temps avant cela.

Mais comme la semaine avançait, la perspective de faire le voyage pour Washington DC commença à être de plus en plus séduisante.

« Je n’avais pas suffisamment étudié pour réussir mes examens donc j’ai pensé, ‘OK, je vais juste aller au camp d’entrainement. Ça me donnera une bonne raison pour éviter ça.’ », nous dit Meesseman.

C’est ainsi qu’elle fit son sac et décolla vers les Etats-Unis pour la première fois de sa vie, pour ce qu’elle pensait être tout au plus, un séjour de trois semaines. De cette façon, elle pourrait reprogrammer ses examens pour une date ultérieure cet été-là. Elle ne pensait pas que faire partie de l’équipe soit ne fusse qu’une possibilité jusqu’à ce qu’au dernier jour, toutes les autres joueuses avaient été coupées, et elle faisait partie des 12 dernières encore présentes.

Désormais, six ans plus tard, Emma Meesseman est la joueuse présente dans l’effectif des Mystics depuis le plus grand nombre de saisons et peut raisonnablement être considérée comme la MVP de leur parcours de playoffs à ce stade (ndlr article rédigé avant les Finales 2019). Pendant les demi-finales, elle a scoré en moyenne 21,3 points, pris 6,8 rebonds et délivré 3,3 passes décisives par match, tout en tirant à 59,3 % avec un stupéfiant 60 % à 3 points. Sa performance fut si remarquable, lors de la victoire contre les Las Vegas Aces au Game 4, que LeBron James, qui assistait au match, chanta ses louanges sur twitter.

« C’était fou, » nous dit Meesseman. « Je ne pensais pas que je pourrais ne fusse que le voir en vrai, vous voyez, et voir ça arriver ? Pour une joueuse européenne, qui vient de la petite Belgique, être remarquée par quelqu’un comme ça, c’est juste énorme. »

En voyant des performances comme celle-là, il est très difficile de croire que lors de la Draft 2013, Meesseman n’était rien de plus qu’une simple note en fin de liste. Toutes les équipes l’ont passée, et même les Mystics ont sélectionné deux joueuses avant elle, en choisissant l’arrière d’Ohio State Tayler Hill avec le 4e choix et la meneuse de St John, Nadira McKenith avec le 17e choix. (Hill a été tradée avec les Dallas Wings en échange d’Aerial Powers à la deadline de 2018 ; McKenith a joué son dernier match avec les Mystics en 2013 et son dernier match tout court en WNBA en 2014.)

Mike Thibault, le coach des Mystics, est célèbre pour sa capacité à évaluer les talents, mais même lui admet avoir eu de la chance avec Meesseman.

« Il n’y a pas eu un long processus de scouting pour elle, » nous indique Thibault. « Je venais juste de prendre le poste, elle jouait en Europe, j’ai vu des vidéos d’elle, et j’ai demandé à des amis coach en Europe, ‘Est-ce que ça vaut la peine que je prenne le risque ?’ Et ils m’ont dit, ‘Purée, ouais. ‘ »

Il ne fallut pas longtemps pour Thibault pour reconnaître qu’il venait de récupérer quelqu’un de spécial.

« Meesseman était supposée être un second tour en développement pour contribuer dans le futur pour les Mystics, » reportait le Washington Post en 2013. « Mais son toucher dans le shoot extérieur et ses capacités de playmaker depuis le poste d’ailier-fort ont convaincu Thibault que la Belge pouvait être le Steal de cette draft. »

Cette première année, cependant, demandait de difficiles ajustements, sur et hors des terrains. Beaucoup de joueuses WNBA ne rentrent dans la ligue qu’à 22 ans, puisqu’il s’agit de la limite d’âge requise pour les joueuses américaines ou les joueuses qui passent par le circuit NCAA. Meesseman fêta ses 20 ans lors du camp d’entrainement. En plus de cela, il y’avait la barrière de la langue, le fait de n’avoir que 50 % de capacité d’audition et le fait de ne connaître personne.

« Mon premier jour, quand je suis arrivée, j’ai dû aller à la salle, et ensuite se tenait un repas avec l’équipe, » nous dit Meesseman. « Je voyais tous ces gens ; ils m’effrayaient. J’avais fait des recherches sur certains d’entre eux et, vous savez, les photos sportives ne montrent pas que vous êtes gentils. Ils semblaient tous très sérieux. C’était très intimidant d’être là. »

Mais des vétérans comme Mo Currie ou Michelle Snow vont l’aider à s’adapter, et au fur et à mesure qu’elle devenait plus à l’aise en dehors des terrains, ses performances sur le court suivaient. Lors de sa saison rookie, Meesseman a produit une moyenne de 4.4 points, 3.1 rebonds et 1.2 passes décisives en 14.6 minutes par match. Tous les jours, elle s’attendait à ce que Thibault la coupe. Mais elle continuait à revenir, et en 2014, à à peine 21 ans, elle débuta tous les 34 matchs des Mystics avec une moyenne de 10.1 points, 6.4 rebonds, 1.4 interceptions, 1 contre et 2.5 passes décisives par match. En 2015, elle fut officiellement sélectionnée comme All-Star WNBA, et en 2016, après un gros travail de persuasion de la part de Thibault, Meesseman pu ajouter de manière régulière un shoot à 3 points dans sa panoplie. Cette saison, elle a un bilan de 30-67 à longue distance, soit une excellente moyenne de 44.8%.

© fiba.basketball

Ces quelques dernières années ont semblé un peu différentes, à cause de l’arrivée d’Elena Delle Donne et les obligations d’Emma envers l’équipe nationale belge. En grande partie grâce à l’impact de Meesseman, la Belgique a gravi les marches des rankings mondiaux. En 2017, Emma n’a pas joué pendant 11 matchs WNBA à cause de l’Eurobasket. En 2018, c’est la saison entière qu’elle manquera pour cause de fatigue et pour se préparer pour la Coupe du Monde FIBA cet automne-là. Cette année, elle a de nouveau manqué 11 matchs pour l’Eurobasket.

Mais le fait d’être la joueuse phare de l’équipe nationale a aidé Meesseman à évoluer en une leader et une scoreuse plus agressive. Et si il a fallu un certain temps pour Delle Donne et Meesseman pour apprendre à être à l’aise en jouant ensemble (en effet, elles ont des jeux similaires et toutes deux préfèrent jouer au poste 4), elles ont désormais évolué en un duo inarrêtable.

Cette saison fut la meilleure de Meesseman. Elle a produit une moyenne de 13.1 points, 3.2 passes décisives et 4.2 rebonds par match en shootant à 55.2%, 42.2 % de loin et 90.5% aux lancers. Ce qui signifie que, oui, elle a aussi eu une saison en 50-40-90, mais à cause de ses matchs manqués, elle n’a pas atteint les minimums requis pour officiellement faire partie du club avec Delle Donne. Elle a également le second player efficiency rating (PER 27.3), effective field goal percentage (eFG% 59.5), et rating offensif (129.7) de la ligue.

Pour ses coaches et ses coéquipières chez les Mystics, ce n’est absolument pas une surprise.

« Nous avons toujours dit à Emma depuis des années que nous pensions tous qu’elle était meilleure qu’elle-même ne pensait être. Et ça lui a pris un peu de temps pour partager ce sentiment, » nous dit Thibault. « Maintenant, elle le sait. »

Pendant des années, Thibault a essayé de rendre Meesseman plus agressive offensivement parce qu’il avait vu ce potentiel en elle. Grâce à ses récentes performances en playoffs, tout le monde a pu voir ce dont elle était capable.

L’année dernière, alors que les Mystics traçaient leur route jusqu’aux finales WNBA, Meesseman était en Belgique, suivant les scores en ligne alors que son équipe se faisait sweeper. Cette année, elle est au centre de l’action, prête à les aider à franchir la dernière étape.

Lors des six dernières années, D.C. est devenu sa deuxième maison, les Mystics sa nouvelle famille. Elle n’a jamais passé ce fameux examen manqué.

« Tout ce que j’avais planifié pour ma carrière, tout s’est juste déroulé de la manière inverse. Et j’aime ça. »   

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2 commentaires sur

Quand la carrière WNBA d’Emma Meesseman débutait comme une excuse pour louper un examen.

  • 1stLeBronJamesFan

    Meesseman > Delle Donne. C’est dit.

    • Florian

      Haha, je reconnais ton objectivité pour tout ce qui touche à Elena.
      Mais vu que c’est pour encenser Emma, on ne va pas relever 😀

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