Nous sommes début décembre et si l’on peut profiter des championnats européens et du Calendrier de l’Avent Swish Swish pour nous rappeler notre belle WNBA, il s’agirait de ne pas oublier la NCAAW, où l’on peut observer les potentielles joueuses de demain.
On s’est posé avec Noé et Ghislain pour vous proposer une petite série d’articles sur les joueuses à suivre au niveau universitaire : environnement, points forts, défauts et une petite comparaison de profil par rapport à une joueuse WNBA en activité pour vous donner une idée. J’insiste : on parle bien de profil !
Et nous commençons donc avec la classe qui sera certainement la plus scrutée, celles des seniors, qui inscriront très probablement leur nom à la Draft en avril prochain.
Haley Jones (Stanford)
Poste 3, reconnaissable au premier regard grâce à son volume capillaire, Haley Jones est la métronome de Stanford. Les récompenses universitaires ? Elle les a déjà, avec en point culminant le titre national en 2021 lors du quel elle avait été élue MOP du Final Four. Haley n’est pas une joueuse clinquante. Ce n’est pas en regardant juste les statistiques que vous pourrez comprendre ce qu’elle apporte. Le maître-mot, c’est l’énergie ! Jones est une basketteuse complète, avec de la grinta et qui prend ses responsabilités quand il le faut. Dans le profil, on retrouve quelque chose d’Alyssa Thomas. Elle peut tout faire ! Si elle a déjà les bonnes attitudes en défense, elle devra néanmoins travailler son physique pour être plus « dure ». Le gros point d’amélioration actuel étant le shoot extérieur, où les pourcentages doivent être supérieurs pour son poste de jeu et dans l’optique du niveau pro.
Cette saison : 11 points (45% au tir) / 6,7 rebonds / 3,5 passes
Aliyah Boston (South Carolina)
On pourrait presque reprendre la même intro que pour Haley Jones, si ce n’est qu’Aliyah Boston évolue au poste 5. Capillairement parlant, on ne peut pas la rater avec ses couleurs flashy au bout des tresses. La star de Gamecocks est sans doute la senior la mieux connue du grand public depuis qu’elle a remporté la March Madness avec son équipe et été élue meilleure joueuse du tournoi en 2022 face à UConn en finale. Une pivot moderne, déjà bien développée physiquement et qui en tire parfaitement avantage. Que ce soit au poste bas avec un excellent footwork pour jouer sous le panier ou au rebond pour les collectionner, Aliyah Boston domine. C’est une machine à double-doubles. Pour notre petite comparaison de profil, on est parti sur Sylvia Fowles. Ça vous donne l’idée. Sur les axes de travail, il y a deux éléments : la mobilité en défense (on l’a vue souffrir quand il fallait défendre sur des intérieures pouvant s’écarter (comme Cameron Brink de Stanford), et des efforts pour éviter les fautes. Elle a déjà été contrainte de rester sur le banc dans des matchs à enjeux à cause de fautes évitables. Annoncées comme les choix 1 et 2 de la prochaine Draft, les équipes qui récupèreront Boston et Jones ne s’en mordront pas les doigts, c’est une certitude !
Cette saison : 13 points (64% au tir) / 9,6 rebonds / 1,6 contres
Diamond Miller (Maryland)
Alors qu’elle a enfin les ballons qu’elle mérite, la talentueuse arrière de Maryland se retrouve légèrement seule après la désertion de certaines joueuses via le portail des transferts. Non pas que l’on va se plaindre de la voir enfin avec le rôle qui doit être le sien, mais on aurait aimé que cela arrive plus tôt. Une extérieure d’1,90 m, aussi bonne en drive qu’au shoot, qui peut se coller n’importe où dans une équipe et qui défend, ça ne vous rappelle personne ? On peut y voir du Elena Delle Donne dans le profil. L’un de ses gros point forts est qu’elle est déjà prête physiquement pour le haut niveau et nombre d’adversaires peuvent vous le confirmer. Sur les axes d’amélioration, il faudra continuer de travailler la lecture de jeu et les prises de décisions, notamment les choix de tirs. Petite alerte sur le dossier médical, non pas avec de grosses blessures mais des petits pépins qui lui font manquer des matchs à droite et à gauche.
Cette saison : 18,6 points (45% au tir) / 7,2 rebonds / 1,4 interceptions / 1,9 contres
Ashley Owusu (Virginia Tech)
On parlait de celles qui ont déserté Maryland, en voilà une, partie du côté de Virginia Tech. Dans la catégorie profil atypique, Owusu a clairement son mot à dire. Pour rire et décrire brièvement, on parle d’une demie Shaquille O’Neal avec des réacteurs au pied. Ovni physique, Ashley Owusu est une meneuse ultra dynamique, qui joue sur l’impact et qui a un très bon handle, chose qui peut paraître étonnante quand on la voit de prime abord. Jeu en transition ? Bienvenue sur la ligne des lancers-francs. Difficile de trouver une comparaison, on est donc parti sur le contraire. Vous voyez Veronica Burton, la joueuse de Dallas qui connaît son rôle, gros QI et super efficace malgré l’absence d’atouts majeurs ? Owusu c’est tout le contraire. Au niveau atouts, elle n’est pas du tout en manque. Cependant le QI basket est malheureusement absent. Cela peut sembler dur et méchant, mais c’est la réalité. Elle sait monter la balle mais quand il faut faire les bons choix, Owusu peut être un handicap pour son équipe. Elle doit absolument travailler là-dessus.
Cette saison : 10,4 points (50% au tir) / 2,7 rebonds
Ashley Joens (Iowa State)
Née en Iowa, donc joueuse en Iowa. Si le niveau de l’équipe laisse à désirer, on aime voir des joueuses comme Ashley Joens rester à la maison plutôt que de partir dans une grosse université (cinquième saison à Iowa State, on respecte). Ashley est une poste 2/3, très belle shooteuse, notamment en catch & shoot et derrière les écrans. Les cartons à plus de 30 points ne sont pas rares sur le circuit universitaire avec elle. Dans le profil, on est parti sur Stephanie Talbot qui a déjà rendu service à plusieurs franchises. Elle sera très bien en sortie de banc, role player à laquelle on demande de mettre ses tirs. Le point négatif est sa défense. Alors oui, c’est toujours compliqué de le reprocher à une joueuse qui a quasiment toute la charge offensive de son équipe sur les épaules. Elle ne peut pas tout faire, et ce n’est pas la seule dans ce cas. Cependant, que ce soit dans ses déplacements, dans les attitudes et physiquement, il y a énormément de travail pour espérer se faire une place sur le long terme en WNBA si une équipe venait à la drafter.
Cette saison : 20 points (43% au tir, 37% de loin) / 9,3 rebonds
Maddy Siegrist (Villanova)
Un peu comme Joens précédemment, on a là une joueuse qui évolue dans une équipe moyenne et qui a donc énormément de responsabilités offensives. Ce qui tombe bien, car au niveau de la palette offensive, cette poste 3-4 n’est pas en reste. Elle peut shooter de partout : mi-distance, à 3 points, du logo de temps en temps…. Il faut se rendre compte qu’elle est quasiment à 55% au tir et 40% de loin avec des shoots parfois compliqués. Ce qui est bien, c’est qu’elle peut aussi driver et finir des deux mains. Pratique, hein ? C’est aussi une super rebondeuse et son physique lui permet de provoquer les fautes. On peut y voir un profil à la Katie Lou Samuelson. Avec le même problème que constitue la défense. Vu son gabarit, le poste 4 sera trop compliqué pour elle à haut niveau. Elle aura du travail de ce côté du terrain mais aussi sur les lectures. L’avantage, c’est qu’elle a les clés pour réussir et jouer un vrai rôle. Si le développement se fait bien, c’est une joueuse qui pourrait rendre de précieux services.
Cette saison : 27,3 points (53% au tir, 39% de loin) / 9,8 rebonds / 1,9 interceptions
Elizabeth Kitley (Virginia Tech)
Une des joueuses dont on parle beaucoup dans les mock drafts US mais qui ne crève pas l’écran. Elizabeth Kitley est une pivot dont le repas quotidien est un bon double-double. Ce qui est pratique avec ce genre de joueuses c’est que vous savez ce qu’elle vous apporte. Elle n’a pas une défense incroyable, mais elle protège son cercle. Ce qu’elle fait, elle le fait bien. Et ce qu’elle ne fait pas, on ne le lui demande pas. Kitley n’a pas un plafond immense, mais si elle trouve son rôle au bon endroit, elle apportera immédiatement et sera là pour faire le sale boulot. Après ce qu’on vient de dire, l’image de Shakira Austin a peut-être traversé la tête de certains et c’est exactement un profil comme celui-là qui pourrait coller à Kitley.
Cette saison : 18,5 points (52% au tir) / 11,3 rebonds / 2,4 contres
Zia Cooke (South Carolina)
Place à la combo guard de South Carolina dont la défense n’est plus à tester. On a là une joueuse dynamique, d’impact, avec un très bon handle et capable de finir au cercle en encaissant les chocs. Le duo qu’elle formait avec Destanni Henderson (draftée par Indiana en avril dernier) était l’une des meilleures tractions arrières du pays et ce n’est pas anodin si South Carolina a décroché le titre cette année. On peut y voir du Jasmine Thomas pour le profil. A savoir une joueuse qui sait faire la passe quand il faut, porter la balle et défendre le plomb. Car oui, on ne donnera pas de grandes responsabilités offensives à Zia Cooke tant la lacune principale se situe au niveau de son shoot. Elle n’a aucun avenir en WNBA si elle ne met pas ses tirs ouverts. Impossible de m’enlever de la tête la dernière March Madness où son pourcentage de tirs réussis a encore fondu comme neige au soleil.
Cette saison : 12,6 points (37% au tir) / 1,3 interceptions
Monika Czinano (Iowa)
Une grande qui joue pivot au côté de l’étoile Caitlin Clark. Une position que beaucoup de joueuses aimeraient avoir tant les avantages sont grands. Monika a de bonnes mains et en profite bien pour punir les défenses adverses qui doivent déjà se concentrer sur la “petite” en feu sur la ligne extérieure. Ajoutez à cela une bonne lecture du pick’n roll et de très bon pourcentages aux lancers-francs. Vous comprendrez le casse-tête de certains coachs universitaires. Pour donner un profil, on restera à Iowa avec Megan Gustafson. Toutes deux ont ce souci d’être entre 2 postes de jeu : trop faible en pro, au niveau du physique, pour jouer 5, et trop peu de shoot ou de mobilité pour jouer 4. En effet, cela devient compliqué pour Monika dès que l’on s’éloigne du cercle, elle qui manque en plus de dureté. Ce sera sûrement compliqué pour la WNBA, mais si elle veut venir en Europe, elle y trouvera assurément sa place.
Cette saison : 16 points (67% au tir) / 7,3 rebonds
Celeste Taylor (Duke)
Un peu comme Kitley plus haut, on a ici une joueuse qui sait un peu tout faire et qui le fait sans bruit. Que ce soit en attaque ou en défense, cette arrière fait ce qu’il faut et le fait bien, grâce à un excellent QI basket, mais aussi à une coach académique d’excellence (Kara Lawson) qui lui permet de pleinement s’exprimer. Cela nous fait beaucoup penser à une Evina Westbrook. Une joueuse qui semble déjà proche de son plafond, mais qui pourrait prétendre à un rôle en bout de banc sur quelques minutes dans un premier temps en WNBA.
Cette saison : 11,5 points / 3,7 rebonds
Francesca Belibi (Stanford)
On parlait de joueuses au physique inhabituel dans le basket avec Owusu, en voici une autre. Francesca est LA prospect par définition. Cette intérieure évoluant sur les postes 3-4 est un monstre athlétique. Dès le lycée, elle a acquis une notoriété pour ses aptitudes physiques et ses dunks deviendront un rituel d’avant match pour Stanford. Joueuse « tankée », physiquement prête, mais qui, en plus, a une très bonne mobilité : ça galope en transition. Bref, vous l’aurez compris, le potentiel est immense. Et c’est bien ce mot « potentiel » sur lequel on bloque un peu à l’heure actuelle. Belibi donne l’impression d’être dans la retenue et on aimerait qu’elle s’affirme plus. Cette quête d’épanouissement total et l’acquisition d’un tir un tant soit peu fiable sont les points à travailler. Actuellement, il est compliqué de l’imaginer au poste 3 chez les pros avec ces pourcentages. L’Americaine d’origine camerounaises est un diamant brut, un projet, et la franchise qui prendra le temps de le développer pourrait s’en réjouir dans l’avenir. En termes de profil, on prend vos suggestions, car c’est un casse-tête 😅
Stats 2022 : 8 points (59% au tir) / 4,5 rebonds
Wild Card : Sedona Prince (à Oregon en 2022)
Elle avait choisi de revenir pour une dernière saison à Oregon et nous l’attendions en pleine forme. Il aura fallu qu’une énième blessure s’en mêle pour la voir finir sa carrière universitaire il y a quelques semaines avec le maillot des Ducks. On pourrait discuter du fait que sur le talent, elle aurait sa place parmi les premières de cette future Draft, mais à l’heure actuelle, on ne sait même pas si elle continuera à fouler les parquets. Si elle devait ne plus jouer, on l’imagine tout de même ne pas rester trop éloignée des terrains. Celle qui avait levé la voix lors de la March Madness 2021 pour dénoncer les inégalités de traitement entre les garçons et les filles a une plateforme et une voix. Elle les a utilisées pour continuer de faire bouger les choses. Et que ce soit sur ou en dehors des terrains, dans le basket ou en dehors, on continuera de la suivre et de la soutenir.