Lorsqu’une joueuse marque un game winner sur le fil une fois dans sa vie, on peut parler de coup de chance. Quand la chose se répète chaque année, c’est que la joueuse en question a du sang froid dans les veines et un ADN clutch. Jewell Loyd est de la race de celles dont le rythme cardiaque reste stable quand les secondes s’égrainent. Point de nervosité ou de stress, l’arrière du Seattle Storm sait saisir une ouverture quand elle en voit une, quand bien même cela implique de rentrer un tir de très loin avec le bras d’une adversaire d’1,93 m dans son champ de vision.
L’année dernière, Loyd avait ponctué un thriller contre les Los Angeles Sparks d’un magnifique shoot dans le corner à 0.8 seconde de la fin. Cette fois encore, les enquêteurs sont formels. Le crime a bien été commis par la numéro 24 de Seattle, disciple de Kobe Bryant et superstar en maturation de cette ligue. Le Storm se préparait à une prolongation compliquée contre une équipe de Dallas tranchante et prête à commettre un régicide. Les filles de Noelle Quinn, qui vivait son deuxième match comme head coach après le départ de Dan Hughes il y a quelques jours, ne dominent plus outrageusement les matchs comme la saison dernière et les Wings ont voulu en profiter. La jeune troupe de Vickie Johnson s’est accrochée pour pousser Seattle dans ses retranchements, confirmant qu’il ne manquait pas grand chose aux Texanes pour viser bien mieux que cette 10e place actuelle.
A une seconde du buzzer, donc, Jewell Loyd (25 points, 7 passes) a décidé que la soirée ne devait pas s’éterniser davantage. Seattle et Dallas avaient déjà prolongé un peu le plaisir en overtime, après un gros shoot de Satou Sabally (18 points), à peine revenue des qualifications pour le Tournoi Olympique avec l’Allemagne en 3×3. Alors que l’on se dirigeait vers une deuxième prolongation et que les jambes commençaient à devenir lourdes de part et d’autre, l’usual suspect a délivré la sentence. Une remise en jeu effectuée par l’excellente Stephanie Talbot, (21 points à 4/5 à 3 points) un catch and shoot sur une trajectoire en arc en ciel à un mètre derrière l’arc de cercle et… BANG ! Une issue déchirante pour les Wings, qui menaient de 10 points dans le 4e quart-temps, et incroyablement bonne pour le moral du Storm, qui continue de trouver le moyen de gagner sans la même assise défensive qu’en 2020.
Quelques jours plus tôt, Dallas avait déjà inquiété Seattle et décroché une prolongation, pour ne s’incliner que de trois points. Il avait fallu un match titanesque de Breanna Stewart (23 points, 9 rebonds et 5 passes cette nuit), pour sauver la peau du Storm. Là encore, on a eu droit à une belle bataille où Marina Mabrey (24 points à 10/17) a poursuivi sa campagne pour le titre de MIP avec l’aide de son amie de Notre Dame Arike Ogunbowale (22 points, 8 passes), pour répondre à l’efficacité offensive toujours clinique de Sue Bird (10 passes, 3 interceptions) et de ses camarades.
Les Wings vont petit à petit pouvoir être au complet et ces défaites d’une courte tête à chaque fois ont de bonnes chances de se transformer en victoires affirmées qui remettront l’équipe dans la bonne partie du classement. Pour le Storm, il semblerait bien que l’on ait renoncé à tenter une autre approche que celle qui consiste à marquer plus de points que son adversaire. C’est un régal pour les spectateurs, mais sans doute un peu moins pour un staff qui retirait beaucoup de fierté du niveau défensif de ses joueuses. La saison est encore suffisamment longue pour gommer ces largesses, mais les adversaires de Seattle pour le titre ont forcément des idées derrière la tête.
BONUS : Comme tout est plus épique au ralenti et sur “My Heart Will Go On”, le community manager du Storm nous a offert ça :