Sue Bird et Diana Taurasi ont refait le monde pendant 4 heures, quel plaisir !

On ne va pas se mentir, en ces temps difficiles, prendre virtuellement l’apéro avec Diana Taurasi, Sue Bird, Penny Taylor et Megan Rapinoe peut être une vraie bouffée d’air et une source de fun et de culture. Il y a quelques jours, elles ont remis le couvert sur un live Instagram pendant près de quatre heures rafraîchissantes où elles sont passées d’histoires très sérieuses sur le basket et la vie, à des délires qu’on a pris du plaisir à partager à distance.

On vous a fait un petit condensé des sujets les plus intéressants qu’elles ont abordés en se concentrant évidemment sur ce qu’ont dit les deux stars WNBA encore en activité. On vous conseille quand même vivement, si vous avez 4h devant vous, de regarder ça sur les liens Youtube qu’on vous a mis dans l’article.

On en redemande et si elles veulent faire ça toutes les semaines, même pendant la prochaine saison WNBA, qu’elles ne se privent surtout pas ! Quatre légendes de leur sport en roue libre, ça n’arrive pas tous les jours.

Diana Taurasi Sue Bird
© Team USA

🍼 Le jeu en WNBA et les rookies

Quand tu regardes le basket à l’ancienne, les Bulls, les Knicks. Au final, il y a l’attaque en triangle, mais ça se finit en isolation. Aujourd’hui, et tu le sais parce que tu travailles avec les Nuggets Sue, tout tourne autour du mouvement et de comment trouver un partenaire ouvert. J’ai l’impression que notre jeu en WNBA tourne aussi autour de l’isolation maintenant.

Ce que j’aime le plus en WNBA c’est qu’au début, pendant un mois, chaque équipe joue tout le monde et tout le monde fait ce qu’il a à faire. Et après un mois, c’est un bain de sang. Tout le monde a étudié tout le monde et sait qui et quoi il faut viser dans l’autre équipe et tu peux voir de quel métal tu es faite.

Quand j’y pense, à chaque fois que l’on joue contre des rookies, on a juste envie de les tuer, putain. De les humilier physiquement. Dès le coup d’envoi, il y a une sorte de brutalité mentale envers eux sous différentes formes. ‘Tu as réussi une belle saison senior à la fac, bravo, mais maintenant je vais t’exploser’.” Si tu devais parier sur la rookie 2020 qui aura la meilleure carrière, ce serait qui ?

Chennedy Carter. Je pense que Sabrina Ionescu aura peut-être la carrière la plus impactante sur le long terme, mais si ça se passe bien pour Chennedy Carter…. En NCAA, personne ne pouvait défendre sur elle. […] Elle est littéralement capable de faire absolument ce qu’elle a envie, quand elle en a envie. Ce sera à elle de comprendre quoi faire, quand et comment, dans le cadre d’une équipe qui veut gagner. Si elle veut être la meilleure joueuse d’une équipe où elle tournera à 40 points de moyenne, elle le peut. Si elle veut être un joueuse de calibre MVP dans une équipe qui joue la gagne, elle le peut aussi. Je crois en ça dur comme fer.

Moi ce serait Satou Sabally, j’aime sa taille et sa puissance.

Sabrina Ionescu est incroyable, évidemment. Elle fait tout ce que toi et moi nous faisions à la fac, Sue. Sabally est venue me voir au shootaround pour me demander ma taille et elle m’a dit : ‘Oh, tu es petite !’ J’avais envie de lui botter les fesses. Mais j’aime Satou. Ce qui est marrant avec ces joueuses prises plus bas aussi, c’est que ça me fait penser à Arike Ogunbowale l’année dernière. On le savait en voyant des équipes ne pas la drafter. C’est une joueuse que personne n’a envie d’affronter ! Putain, mais qu’est ce que faisaient ces équipes ! C’est vraiment la dernière personne que j’ai envie d’affronter sur un terrain. Sur le parquet, c’est une connasse, elle joue dur et t’attaque à la gorge”.

Comme rookie, je n’ai jamais vraiment eu de moments difficiles en mode “Bienvenue en NBA”. Mais c’est parce que je suis meneuse. Quand tu es poste 2, que tu arrives et dois te coltiner des Maya Moore, Angel McCoughtry et autres, c’est sûr que tu vas prendre cher à un moment. Moi, je suis sûre que Ticha Penicheiro a fait des très bons matches contre moi, mais pas en faisant un carton offensif. Il y a quand même ce moment où Cynthia Cooper a pris sa retraite et est revenue pour quelques matches. On a joué contre Houston et je me suis retrouvée à défendre sur elle sur une action. Je ne saurais même pas dire ce qu’elle a fait, genre un in and out dans les airs, mais je suis restée bloquée”.

© Lorie Shaull

🌎 Histoires de l’étranger

Pour moi, il n’y a rien de plus difficile que de gagner un titre WNBA. Il faut t’accrocher et tu peux en perdre le sommeil. Mais la différence en Europe, c’est que tu peux te retrouver dans un match à l’extérieur banal de saison régulière, mais qui est hyper intense. Une intensité comme on n’en voit pas ailleurs. Les finales ou le Final Four d’Euroleague, c’est facile. Ce qui me manque vraiment, ce sont ces matches banals où tu es la meilleure équipe mais qui sont des combats de rue, comme à Brno en République tchèque.

En Turquie, j’étais allée voir un match des quarts de finale entre le Fenerbahçe et le Galatasaray en Euroleague. Les deux groupes de supporters séparés par une tribune entière de policiers, des fumigènes, des pièces enflammées jetées sur le sol, du papier toilette balancé dès le coup d’envoi. Putain, c’est le spectacle sportif le plus incroyable auquel j’ai assisté.

J’ai tellement appris en Russie. Pas nécessairement techniquement ou en découvrant des nouveaux moves. Mais c’est le combat tout le temps et elles n’en ont rien à foutre de qui tu es. C’est ça le basket à l’étranger. C’est comme si tu étais un musicien, disons Tupac, qu’on t’envoie en Hongrie et qu’on te dit d’apprendre la musique classique en 40 minutes. Puis tu vas en Russie, tu joues contre d’autres Tupac et tu les exploses. Puis tu vas en Italie, et tu dois affronter Eros Ramazzotti et on te demande d’apprendre le Rn’B italien. Tu as encore 40 minutes pour appréhender les arbitres, le style de jeu et la façon dont les adversaires bougent.

En Chine, j’avais marqué 10 points et je jouais normalement, en passant le ballon, tout ça. On est venu me voir pour me dire : ‘Non, tu dois marquer 40 points et shooter à chaque fois que tu as la balle’. OK, donc c’était ma nouvelle réalité. A l’étranger, tu dois performer, c’est pour ça que tu es là. Ma première année en Italie, j’ai gagné 30 000 dollars pour les 8 mois. Je voyais d’autres équipes en Euroleague, meilleures, et le challenge c’était de grimper les échelons pour aussi gagner plus d’argent. On restait 8 mois sur place sans rentrer à la maison une seule fois.

Les Russes, c’est comme les New Yorkais. Ils sont durs, putain, ils ne sourient pas et ne te disent pas bonjour. Mais avec eux, c’est pour la vie.

Dee et moi on est arrivées dans notre équipe dont le coach ne parlait pas anglais. Donc il y avait une traductrice qui faisait l’intermédiaire. Il y avait quasiment une minute d’intervalle entre chaque réponse. On ne comprenait rien et on a passé 99% de notre temps là-bas à rire à cause de ça. Un jour, une coéquipière est venue nous voir et nous a dit : ‘Vous savez ce qu’on dit des gens qui rient tout le temps en Russie ? Qu’ils ont un retard mental’. OK, donc tout le monde pensait qu’on était attardées”.

C’est tellement différent quand il y a beaucoup d’argent en jeu…. Tu es obligée d’être énorme sur le terrain. Quand je vois des joueuses aller à l’étranger et se foirer complètement alors qu’elles gagnent un million de dollars… Tu es payée pour performer. Je ne comprends pas les Américaines ou les Australiennes qui y vont et s’en foutent. Moi quand je prenais l’avion pour la Russie, je me disais : ‘OK, c’est parti, je vais tout donner’. Quand tu es lancée là-dedans, tu essayes d’être la joueuse la mieux payée du monde et donc tu donnes tout ce que tu as.

En WNBA, pendant longtemps, on n’a pas eu assez chaud au cul pour se dire qu’il fallait qu’on donne tout pour gagner plus que les autres financièrement. En Europe, on a dû essayer de choper un contrat avec Ekaterinburg, qui est le meilleur job du monde, pour essayer de battre les autres équipes d’Euroleague, ça a fait de nous des gangsters.

🔮 L’avenir

Où sont les femmes riches ? Je suis tellement déçue par ces femmes qui ont beaucoup d’argent ! Parfois, tu investis dans des choses qui ne génèrent pas encore d’argent, mais pour améliorer ces choses. Tout le monde me demande si j’ai envie d’être coach ou GM après ma carrière. Je réponds non. Putain, j’ai envie de posséder une franchise !

En WNBA, on jouait plutôt parce qu’on aimait ça et parce qu’on voulait se prouver qu’on était les meilleures. Aujourd’hui, je touche du bois, mais ça va changer avec le CBA. On joue toujours pour la fierté et l’argent n’est pas tout, mais peut-être que ça motivera encore plus les joueuses d’une certaine manière. Les choses devraient être ainsi : je montre à tout le monde que je suis la meilleure, mais je aussi payée en fonction de ma valeur.

Je regardais la redif des JO 2016 et ils n’arrêtaient pas de dire : ‘Ce sont les derniers JO de Sue et Diana’. Que ceux qui disaient ça aillent se faire foutre. Pour les Jeux Olympiques de l’année prochaine, je suis réaliste. Il faut monter la meilleure équipe possible. C’est à dire le meilleur ensemble de joueuses complémentaires. Si on considère que je ne peux pas me fondre là-dedans, alors je ne dois pas être sélectionnée. J’ai participé à quatre Jeux Olympiques et j’en suis fière. Je ne veux pas passer pour quelqu’un d’avide, mais putain, j’ai envie de jouer. Si je devais choisir aujourd’hui entre gagner un nouveau titre WNBA et une nouvelle médaille d’or olympique, je prendrais quand même le titre WNBA.

Je pense exactement la même chose pour moi. Si je suis en bonne santé et que je suis toujours capable de jouer à un niveau d’élite et qu’on me le demande – ce sont trois choses que je ne tiens pas pour acquises parce qu’elles peuvent partir en vrille – alors j’irai.

Quand on me demande ce qu’il faudrait faire pour laisser la même trace que moi, je réponds d’abord que c’est une question stupide. Ensuite, je réponds qu’il faut abandonner sa vie. J’ai abandonné mes relations, ma famille, tout. Sue, on a passé notre vingtaine en Russie.

Je n’échangerais pas tout ça. Mais j’ai le sentiment qu’on ne parle pas à tout le monde de l’héritage qu’il ou elle va laisser. Donc je le prends comme un compliment. Mais les gens ne se rendent pas compte de ce que c’est. “Oh, tu vas juste manquer un anniversaire par-ci, par-là, la naissance de ton neveu”, etc…

🤯 En vrac

Mon Mont Rushmore (les quatre plus grandes joueuses de l’histoire, sans elle-même, ni Sue Bird) : Lisa Leslie, elle était tellement forte… Ensuite, Tina Thompson. Quand on jouait ensemble au Spartak, je me disais : ‘c’est la meilleure avec laquelle j’ai pu jouer… Les gens trouvent que Stephen Curry shoote de loin. Mais Tina Thompson shootait vraiment de loin ! Puis Cheryl Miller et Cynthia Cooper.

Diana et moi, on n’a jamais vraiment beaucoup fait de un contre un. Mais il y a un jour en Russie où on s’est amusées à en faire. Elle faisait un move et j’étais direct sur elle, mais elle arrivait quand même à shooter par-dessus moi. Je me disais : ‘Si seulement j’étais un peu plus grande !’ Et quand c’était moi qui attaquait, elle se disait : ‘Si seulement j’étais plus rapide’. On ne peut pas tout avoir. Si on avait été des mecs, je pense qu’on aurait sans doute fait des un contre un tous les jours.

Je n’ai pas gagné assez de titres de MVP. J’en ai un seul. J’aurais dû gagner en 2014 parce qu’on avait la meilleure équipe de tous les temps. L’année où je marque 40 points aussi. J’aurais dû en avoir trois. Mais vous savez qui d’autre n’en a eu qu’un ? Kobe (elle lève son verre).

Si je devais jouer pour une autre équipe en WNBA ? Los Angeles.

Ma musique pour aller à la Key Arena avant les matches : les Gun’s and Roses.

La joueuse défensive la plus difficile à affronter ? Katie Smith, sans aucune hésitation. Elle est très sous-cotée. Elle n’est jamais dans les tops d’ESPN, mais ceux qui jouent au basket savent. On savait que quand on affrontait Katie Smith on allait passer une très longue soirée des deux côtés du terrain.

Elle aurait pu se contenter d’être la meilleure en attaque et c’aurait été suffisant, mais elle jouait en défense aussi. Elle est un peu tombée entre deux générations, c’est pour ça qu’elle est sous-cotée.

S’il y a un fight et que je dois choisir quelqu’un pour aller au combat ? Brittney Griner. Vous avez vu comment elle opère…

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Un commentaire sur

Sue Bird et Diana Taurasi ont refait le monde pendant 4 heures, quel plaisir !

  • 2oak

    Un des cotés cool du confinement ces discussions d’athlètes en live !!!!!!!

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