Diana Taurasi, le chant du cygne

Le crépuscule d’une légende, ce n’est pas toujours beau à voir. Il y a ce risque d’abîmer une image teintée de perfection et de finir sur une fausse note. Diana Taurasi a déjà tout gagné. A 38 ans, elle pourrait couler des jours tranquilles en Arizona, nous divertir avec des lives Instagram avec son amie Sue Bird et se préparer tranquillement pour l’un de ses rêves : devenir propriétaire d’une franchise. Sauf que pour une championne de cette trempe, le temps qui passe, une pandémie et des pépins physiques ne sont pas des arguments suffisants pour s’éloigner du terrain. A notre grand bonheur, la GOAT n’a pas encore dit son dernier mot.

Nous sommes en septembre 2020 et Diana Taurasi est la troisième meilleure scoreuse de la ligue (19.7 points de moyenne), la quatrième meilleure passeuse (5 assists/match) et la joueuse qui a marqué le plus de paniers à 3 points (52) cette saison. Les doutes sur sa capacité à porter Phoenix sur ses épaules à un âge sportif avancé ont petit à petit été balayés.

Alors que l’on commençait à imaginer une dégringolade pour le Mercury après le départ mystérieux de Brittney Griner de la Wubble et la terrible blessure au genou de Bria Hartley, Taurasi vient de permettre à son équipe de remporter 5 matches de suite et de se qualifier pour les playoffs. La présence de Skylar Diggins-Smith est précieuse, bien entendu. Mais sans la meilleure marqueuse de l’histoire de la WNBA et sa faculté à scorer même en dormant, pas sûr que la troupe de Sandy Brondello aurait validé cette participation…

Ce que “DT” accomplit en termes d’adresse et de leadership depuis l’avalanche de coups du sort qui s’est abattue sur le Mercury est tout simplement dingue. Depuis le 23 août et cet hommage rendu à Kobe Bryant, dont elle a arboré le nom et le maillot, Taurasi a activé le mode Mamba.

  • 34 points à 7/13 à 3 points contre Washington
  • 23 points et 12 rebonds face à Minnesota
  • 14 points, mais surtout 7 passes décisives à nouveau contre les Mystics
  • 32 points et 7 passes face à Las Vegas, à 7/15 à 3 points…
  • Et enfin, jeudi, lors de la déculottée administrée à Indiana, 27 points à 8/13 à 3 points, à une longueur seulement du record de paniers from downtown sur un seul match. A chaque fois, la victoire a été au bout, ce qui reste la statistique essentielle aux yeux de la Californienne.

Si vous découvrez seulement que Diana Taurasi est une shooteuse d’exception, c’est que vous n’avez pas encore pris le temps de vous pencher comme il faut sur ses archives. L’ancienne star de UConn a toujours été au-dessus du lot en termes de capacité à tirer de n’importe où sur le terrain, avec une mécanique et un style qui touchent au divin.

Lorsque Diana Taurasi a remporté le seul titre de MVP de sa carrière en saison régulière en 2009 – une anomalie qui l’agace et dont Penny Taylor doit entendre parler un jour sur deux au petit-déjeuner – près de la moitié de ses tirs étaient déjà à 3 points. “DT” ne s’est pas complètement réinventée avec l’âge. Simplement, la situation actuelle exige qu’elle insiste davantage sur cet aspect du jeu. Et pour insister, elle insiste ! Ses 28 paniers à 3 points marqués sur 5 matches constituent tout simplement un nouveau record pour ce laps de temps. Ce record, on sent qu’elle l’a dans les mains et on ne pariera pas contre sa capacité à le décrocher avant la post-saison ou même pendant.

Taurasi ne se contente pas de rentrer des shoots ouverts. Des tirs contestés, des jab steps, des step backs, des tirs précipités en transition, des banderilles après avoir tout juste dépassé le logo… Tout y passe. “DT” joue avec la frénésie de ses 20 ans et c’est un spectacle épatant. Aucun tir ne lui est interdit et les défenses ne savent plus comment l’appréhender. Ça durera ce que ça durera et Phoenix n’a pas les faveurs des pronostics en playoffs, mais il n’y a pas grand chose de plus excitant à observer dans la ligue à l’heure actuelle.

https://twitter.com/WNBA/status/1301736302367387648?s=20

Je ne suis pas en train de vous dire que Diana Taurasi est la MVP de cette saison 2020 comme j’ai pu le lire ici et là. Ce qu’elle fait, surtout avec autant d’années de basket dans les jambes, est exceptionnel, mais d’autres ont rendu des copies au moins aussi consistantes individuellement et collectivement cette année. A l’heure actuelle, je la mettrais dans le top 5, ou aux portes du top 5 des meilleures joueuses de la saison, derrière Breanna Stewart, A’ja Wilson, Courtney Vandersloot, Candace Parker et Napheesa Collier. Défensivement, Taurasi dose ses efforts et c’est un euphémisme. Une partie des problèmes du Mercury avant ce sursaut d’orgueil étaient même dus à l’incapacité du backcourt Taurasi-Diggins à contenir la moindre tentative de pénétration. En attaque, la légende n’a plus les cannes pour apporter autant de variété à sa force de frappe qu’à l’époque. Sur l’un de ses premiers drives tranchants de la saison, elle s’est blessée et a fait passer quelques sueurs froides aux fans du Mercury. Taurasi se concentre donc sur ce qu’elle fait encore mieux que 90% de la ligue : écoeurer l’opposition grâce à son shoot et à sa vision de jeu.

Il faut se rendre compte de la chance que l’on a d’assister à ça, même à des milliers de kilomètres de la bulle de Bradenton et derrière un écran. On ne sait pas de combien de mois ou d’années de Diana Taurasi on dispose. Ni si elle sera en mesure de jouer à nouveau à ce niveau d’excellence. Si on aime le basket, on ne peut avoir qu’une pensée en tête : pourvu que ça dure.

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