Tamika Catchings

Née le 21 Juillet 1979 à Stratford dans le New Jersey, à un jet de pierre de Philadelphie, elle est la fille de l’ancien joueur NBA Harvey Catchings, qui, dans l’année 1979, a eu la bonne idée de jouer pour les Sixers de Phillie puis pour les Nets du New Jersey. Enfin, quand j’écris elle est la « fille de », je devrais plutôt écrire Harvey Cathings est le « père de » ; en effet, si papa Catchings a eu une carrière NBA très honorable (11 saisons), ses réalisations sont incomparables avec les exploits de sa fille.

« Brille malgré l’adversité et deviens une championne » …

Dès le départ, la vie de Tamika fût un combat ; elle raconte, elle-même, que née malentendante, elle en a beaucoup souffert. Obligée de porter des appareils auditifs importants, elle a mal vécu sa différence, et elle le dit elle-même : tout ce qu’elle souhaitait c’était entrer dans le moule. Alors qu’elle grandit dans la banlieue de Chicago, chaque jour est un enfer, et elle supplie régulièrement ses parents de ne plus retourner à l’école. Toutefois, c’est à l’école élémentaire qu’elle découvre ses capacités athlétiques héritées de son père et, dès lors, elle comprend, qu’en travaillant dur, malgré son handicap, elle peut être meilleure que les autres dans un domaine.

D’abord ce fût le football, puis le volley et le basket. Tamika était bonne, elle était même la meilleure, le vilain petit canard débutait sa métamorphose en cygne, et elle trouvait enfin sa place dans une société qui l’avait tant heurtée. Avec sa sœur Tauja, elle emmena la Stevenson High School au championnat d’état de l’Illinois (2 fois championnes ; par ailleurs, en 1995 elle est élue Illinois Miss Basketball, première fois qu’une sophomore obtient cette distinction). Dans le même temps, elle réussit à surmonter son handicap en apprenant à lire sur les lèvres, ce qui l’aide à maintenir d’excellentes notes. Pourtant, alors qu’elle n’a pas encore fini le lycée, ses parents divorcent, Tamika part avec sa mère dans le Texas, alors que sa sœur Tauja reste dans l’Illinois avec leur père. Au Texas, elle joue pour la Duncansville High School (et gagne un troisième championnat d’état) et, petite victoire pour elle, ses coéquipières ne remarquent pas son handicap.

Le vilain petit canard, devenu cygne, se métamorphose en aigle…

Avertissement : avant de lire les lignes qui suivent, je vous conseille vivement de vous asseoir et de bien vous mouiller la nuque…

 Parce qu’au Texas, elle est, déjà, exceptionnelle.  Elle réussit l’exploit, alors que les matches de High School ne durent que 32 minutes, de claquer un quintuple-double : 25 points, 18 rebonds, 11 passes décisives, 10 interceptions et 10 contres ; oui, oui, avec des quart-temps de 8mn… ça pose déjà ce que va être sa carrière ; au passage tout niveau confondu (que ce soit en masculin ou en féminin), c’est le premier quinte-double de l’histoire.

J’espère que vous vous étiez bien hydraté ; par ailleurs, je vous en conjure : restez assis et gardez une bouteille d’eau près de vous, parce que ses stats au lycée, c’est juste l’apéro !

Elle devient internationale, dès 1996, en intégrant Team USA Junior, c’est d’ailleurs à cette époque qu’elle fait l’une des premières rencontres essentielles dans sa carrière. En effet, c’est lors de cette sélection Junior qu’elle rencontre l’équipe sénior médaillée à Atlanta, notamment Ruthie Bolton-Holifield, Tamika dira plus tard que c’est cette rencontre qui l’a poussée à faire tout son possible pour, un jour, jouer dans cette équipe : vœu exaucé.

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Après avoir claqué quelques records en High School, avoir été nommé WBCA All-America, avoir participé au WBCA High School All-America Game, Tamika s’est dit que ça ne serait pas mal de faire ça en NCAA. Et pour ce faire, elle décida de jouer pour les Tennessee Lady Volunteers de Madame Pat Summit. Deuxième rencontre « basketballistique » essentielle dans la carrière de Tamika, la relation avec Pat Summit va continuer de tracer ce que va être l’état d’esprit de Catchings pendant toute sa carrière. Coach Pat Summit a tout de suite vu ce qu’il y avait dans les tripes de cette joueuse. D’ailleurs, Tamika parle souvent des premiers mots que lui a adressés cette coach mythique, qu’elle compare à ses parents. Pour faire court, Pat Summit lui a dit qu’elle était spéciale, qu’elle était à même d’écrire son histoire, qu’elle pouvait inspirer les autres par ce qu’elle a accompli et par ce qu’elle va continuer d’accomplir, le tout malgré son handicap. Je vous laisse imaginer ce que ça va donner une association Pat Summit, Tamika Catchings et Chamique Holdsclaw… et bien un titre NCAA, une saison 1998 en 39-0, ouais, ouais, 39 victoires en 39 matches, merci et au revoir…

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Le big three de la muerte, qu’elle formera avec Chamique Holdsclaw et Semeka Randakk, sera surnommé « The Meeks ». Dans le même temps, Tamika va collectionner les honneurs individuels : Naismith College Player of the Year, AP Player of the Year, USBWA Women’s National Player of the Year, WBCA Player of the Year… Bref, le passage de Tamika en NCAA est d’une violence sans nom !

Rouler sur la WNBA pour les nuls

Malgré ses performances hors normes, elle n’est draftée « que » 3ème en 2001 par l’Indiana Fever, derrière Lauren Jackson (Seattle) et Kelly Miller (Charlotte). L’Indiana va, dès lors, devenir ce qu’elle appelle « chez moi ». Blessée avec Tennessee aux ligaments croisés antérieurs, elle ne débutera sa carrière WNBA qu’en 2002, et alors là mes aïeux, passez-vous la tête sous l’eau parce que c’est d’une violence que vous ne pouvez pas même imaginer. Bon déjà, parce que lorsqu’elle arrive à Indiana, les playoffs, ils ne les ont jamais vu à Indianapolis… chose corrigée d’entrée par la rookie… D’ailleurs, hormis les saisons 2003 et 2004, le Fever sera systématiquement playoffable pour chaque saison de Tamika, 13 fois en 15 années. La rookie, venue des Lady Vols, a transformé Indiana, candidat perpétuel au 1er tour de draft, en un favori au titre jusqu’en 2016.  Sa saison rookie est insane au point qu’elle est ROY, qu’elle participe au All-Star Game, qu’elle est élue dans le meilleur 5 All WNBA (je vous laisse checker qui joue en 2002 dans la ligue pour vous donner une idée du niveau démentiel du truc), le tout en portant son équipe à elle seule ; pour preuve pendant ses 6 premières saisons, elle est la meilleure scoreuse, rebondeuse, passeuse et interceptrice de son équipe ; pendant sa saison 2003, elle est même la meilleure scoreuse, rebondeuse, passeuse, interceptrice et contreuse du Fever… vous avez dit All-around player ? Je vous réponds Tamika Catchings, c’est simple sur le terrain, elle fait tout, des deux côtés du terrain…

Sortez les calculettes scientifiques, le boulier ne suffira pas !

Qu’on le veuille ou non, le basketball est un sport de statistiques et Tamika les stats elle les mange au petit-déjeuner, comme moi je mange mes Rice Crispies, par parquet de 100…

En 2005, elle atteint les 2000 points en carrière, personne n’avait réussi cet exploit en 4 saisons. D’ailleurs 4 saisons, c’est ce qu’il lui a fallu pour dépasser les 1000 rebonds, 400 passes et 300 interceptions ; pour info, il n’y a que 72 joueuses qui ont réussi 300 interceptions en carrière dans l’histoire, Tamika il lui a fallu 4 ans. C’est simple en 4 années, notre superwoman était déjà top100 all-time dans toutes les catégories ; et ça, ce n’est que le début ! En 2005, elle est élue meilleure joueuse défensive, juste le 1er de ces cinq titres dans la catégorie. Ah, oui, parce que Tamika c’est 10 fois WNBA All-Star, 7 fois All-Wnba First team, 5 fois All-Wnba second team, 10 fois Wnba All-Defensive first team, 2 fois Wnba All-Defensive second team, 7 fois meilleures interceptrices de la ligue. Ses stats en carrière : 16.1 pts par match, 0.8 contres, 2.4 interceptions, 3.3 passes, 7.3 rebonds, le tout sur 15 années et 457 matches, et autant vous dire que sa période 2013-2016 n’est pas la meilleure de sa carrière ; et si vous pensez que Tamika était du genre à chocker voici ses stats en postseason (13 apparitions) : 16.8 pts par matches, 0.9 contres, 2.2 interceptions (record WNBA), 3.3 passes, 8.8 rebonds en 68 rencontres. Vous êtes toujours en vie ? Hydratez-vous bien parce que niveau chiffres ce n’est pas fini…

Au moment où j’écris ces lignes, Tamika Catchings, en volume, c’est top 3 all-time en points (7380), top 8 en passes (1488), top 3 en rebonds (3315), top 12 en contres (385), leader incontestée en interception : elle est à 1074 interceptions sa plus proche poursuivante c’est Ticha Penicheiro avec 764, sa plus proche poursuivante en activité Alana Beard avec 710… IN-TOU-CHA-BLE ! Quand elle a quitté la ligue, elle était top 10 dans toutes les catégories. Bien qu’elle soit au four et au moulin, ce qui n’aide pas vraiment pour battre des records, elle a réalisé 96 doubles-doubles, top 5 all-time… Vous avez mal au crâne ? Prenez un doliprane parce que ça continue encore et encore…

Comment dire… Si en saison régulière, Tamika c’est Wonderwoman, en playoffs, c’est toute la team des Avengers : top 2 all-time en pts, top 4 en passes, top 1 en rebonds, top 1 en interceptions,  top 7 en contres,  et je le rappelle avec le Fever une équipe qui n’a jamais mis les pieds en playoffs sans elle… Regarder les records de Tamika en WNBA, c’est un peu comme défendre en rugby contre les All Blacks, ce sont des vagues incessantes qui vous écrasent sans cesse, ça dure une éternité, vous avez l’impression que ça ne s’arrêtera jamais et vous avezmal au crâne comme jamais….

Tamika sa carrière, ce ne sont pas des stats, c’est une annihilation numérique de la concurrence, c’est un génocide par les chiffres, c’est une domination arithmétique du parquet…

Gagner malgré l’adversité !

Mais attention, Tamika ce n’est pas qu’une machine à stats, c’est aussi une joueuse qui te fait gagner. Déjà parce qu’elle est probablement la meilleure joueuse défensive qui n’ait jamais foulé un parquet : 5 titres de meilleures joueuses défensive,12 fois All-WNBA defensive team (10 fois dans la première), et à cela elle a ajouté un titre de MVP en 2011, un titre de MVP des Finals en 2012. Ah, oui, parce que Tamika elle a été championne WNBA en 2012, sans jamais quitter le Fever (loyauté, dis-moi ton nom ? Je m’appelle Tamika Catchings.) ; plein de joueuses ont gagné des titres, et même plus qu’elle, par contre personne n’a gagné le titre en portant le Fever sur ses épaules… Vous allez me dire, il y a eu d’autres All-star au Fever, ouais, hormis Tamika, 8 en 15 saisons… en 2012, il y a Brian January, Katie Douglas, qui est carrément sur la pente descendante, et Shavonte Zellous, pas encore all-star, et qui est encore loin de son niveau de 2013… Bref, vous en conviendrez, c’est pas sur elles que vous auriez misé votre Livret A en début de saison. Tamika a emmené toute cette petite bande 2 fois de plus en Finals, 2009 et 2015… En revanche, lorsque vous mettez Tamika dans une équipe de légendes, comme par exemple Team USA, ça donne 4 titres olympiques et 2 titres mondiaux… Tamika Catchings, c’est une machine à gagner, l’essence même de ce qu’est une championne… Dans un sport collectif, il est impossible de gagner seul, Tamika est l’exemple qui confirme la règle.

« Attrape les étoiles : brille malgré l’adversité et deviens une championne »

Mais lorsque l’on parle de la carrière de Tamika Catchings, s’arrêter aux statistiques, aux trophées, aux titres, serait une grossière erreur, sa carrière, c’est bien plus que ça…

Tout d’abord, elle détient 3 trophées Kim Perrot (2010,2013,2016), record égalé seulement par Sue Bird. Ce trophée récompense l’athlète représentant le mieux les valeurs du sport sur le terrain, le comportement éthique, le fair-play et l’intégrité… Tamika, elle est d’abord guidée par des valeurs fortes qu’elle s’est forgée en dépassant son handicap, en se levant chaque jour pour être une meilleure joueuse et un meilleur être humain que la veille. Cette préoccupation s’est matérialisée en 2010, lorsqu’elle devient la présidente du syndicat des joueuses, ce jusqu’à sa retraite en 2016.De plus, elle a concrétisé ses valeurs, en 2004, en créant la Catch the Stars Foundation, une association qui aide à la réussite académique et sportive des jeunes en difficulté, au travers de camps de basket mais aussi d’activités culturelles. En 2015, et c’est une première, elle reçoit la récompense multisports du Sports Humanitarian of the Year Awards. En dehors de ses activités caritatives, Tamika Catchings milite pour le droit des minorités et contres les violences policières ; par exemple, elle s’était agenouillée pendant l’hymne aux Jeux Olympiques ou encore elle a été sanctionnée avec des coéquipières pour avoir porté un t-shirt #BlackLivesMatter. Son engagement citoyen et son activisme sont le reflet de ce qu’elle est : une combattante prête à sa sacrifier pour autrui. Ce que nous montre sa carrière, au-delà de ses stats folles, c’est l’histoire et la vie d’une femme afro-américaine malentendante qui, malgré les souffrances et les obstacles, a lutté, a travaillé dur pour devenir la meilleure, et qui, une fois qu’elle a atteint les sommets, a tout donné pour les autres. Elle représente tellement pour la communauté, que pour son dernier match, la star NBA Paul George a offert 5 000 places…

Ce qui caractérise le jeu de Tamika Catchings, c’est sa défense, parce que le défenseur se sacrifie pour l’équipe, il ne cherche pas à briller, il s’occupe des tâches obscures, il protège son camp comme si sa vie en dépendait. Il y a beaucoup de qualificatif qui pourrait décrire cette athlète mais celui qui se prête le mieux à Tamika Cathings est « abnégation ». La leçon de la carrière de cette joueuse extraordinaire, c’est « travaille dur, ne te décourage pas, donne à autrui, et pour sûr, tu attraperas les étoiles » … Et à Indiana, au plafond d’une salle de basket, il y a un maillot portant le numéro 24 pour nous le rappeler chaque fois que nous levons les yeux vers le ciel, le ciel, la seule place convenable pour Tamika Catchings, parmi les étoiles.

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