Sue Bird et Taurasi négocient en sous-marin

Il y a tout un tas de bonnes raisons de remercier Sue Bird et Diana Taurasi pour ce qu’elles ont fait durant leur carrière. Les deux légendes de la WNBA ont inspiré la plupart des joueuses actuelles et on parlera encore d’elles et de leurs accomplissements longtemps après leur départ. Il n’y a toutefois pas que sur le terrain que les deux ex-coéquipières à la fac de UConn auront eu un impact. A l’heure où le syndicat des joueuses va renégocier le Collective Bargaining Agreement (CBA) avec la ligue et les propriétaires, et où la question des salaires n’a jamais été aussi brûlante, Bird et Taurasi ont discrètement oeuvré pour le changement. Deux journalistes du Wall Street Journal, Rachel Bachman et Ben Cohen, racontent cette semaine comment les stars du Storm et du Mercury ont mis sur pied un plan qui pourrait changer un peu la donne. 

Alors qu’elles ont fait le choix de ne plus partir jouer à l’étranger à ce stade de leur carrière, les deux femmes ont établi une stratégie l’année dernière lors d’un rassemblement avec Team USA en Caroline du Sud. L’objectif est double. 

  • D’abord, dissuader les meilleures joueuses de la ligue de mettre leur santé et leur vie de famille en péril durant l’intersaison en WNBA en allant jouer en Chine, en Russie ou en Turquie, où elles gagnent parfois en un été ce qu’elles toucheraient en quasiment une décennie au pays. Ce qui est arrivé à Breanna Stewart, la star de Seattle victime d’une rupture du tendon d’Achille en finale d’Euroleague avec Kursk, est un exemple terrible des risques encourus. Alyssa Thomas a elle défié l’avis des médecins en enchaînant Finales WNBA et saison avec Prague sans passer par une opération aux épaules pourtant nécessaire…
  • Ensuite, éviter de faire vivre à Team USA ce qui est arrivé aux hommes l’été dernier au Mondial, à savoir un désintérêt des grandes stars pour l’équipe nationale et une performance calamiteuse dans la foulée avec une équipe bis. Si les joueuses de Dawn Staley sont invaincues depuis 13 ans en compétition officielle, le niveau de la concurrence a augmenté. Celles que Sylvia Fowles nomme “The Legend” (pour Sue Bird) et “La G.O.A.T.” ( pour Diana Taurasi) ont donc voulu passer un deal avec la Fédération américaine, particulièrement en cette année olympique. Désormais, toutes les joueuses qui accepteront de se rendre disponibles pour un training camp à l’année avec Team USA seront compensées à hauteur de 100 000 dollars, soit presque le salaire annuel maximum en vigueur en WNBA. Sur la dernière campagne olympique, le défraiement des joueuses était de… 150 dollars par jour. Durant ces camps de préparation, les Etats-Unis affronteront ainsi à chaque fois des équipes universitaires renommées, comme cela a été le cas le mois dernier face aux Oregon Ducks de Sabrina Ionescu notamment, garantissant une opposition forte et des recettes importantes.

Six autres joueuses ont d’ores et déjà donné leur accord et pas des moindres : Sylvia Fowles, Chelsea Gray, Skylar Diggins-Smith, A’ja Wilson, Nneka Ogwumike et Elena Delle Donne. Des stars qui ont toutes émis le souhait de ne pas être en action 11 mois sur 12 lors d’années où une compétition internationale est au menu. Pour l’heure, ces primes sont encore très loin de ce que gagnent les mieux loties des expatriées saisonnières. Par exemple, Brittney Griner toucherait ainsi environ 1.5 million de dollars pour ses services avec Ekaterinburg, la place forte du basket européen. Il est probable que la plupart des joueuses continuent d’accepter des deals aussi lucratifs lorsque ceux-ci leurs sont proposés. Refuser de monnayer un talent pas assez valorisé sur leurs propres terres tiendrait presque de la folie.

 Le 31 décembre, le syndicat des joueuses présidé par Nneka Ogwumike va tout de même tenter de faire bouger les lignes. Les négociations autour du nouveau CBA sont en cours et deux sujets épineux sont susceptibles de conduire à un lockout comme la NBA en a connu en 2011 par exemple : l’argent et les conditions de travail. 

La WNBA et les franchises continuent d’être extrêmement floues concernant leurs revenus. L’argument principal pour n’offrir aux joueuses que 20% de l’argent généré et pour imposer un salary cap effroyablement bas reste une supposée fragilité financière qu’aucun document officiel ne peut confirmer à ce jour. Le syndicat a un peu de mal à croire qu’aucun effet financier positif n’accompagne l’augmentation croissante des audiences télévisées, le développement du streaming, ou l’apparition des joueuses dans le jeu vidéo de référence NBA2K. Depuis 2014, la WNBA se rapproche petit à petit du statut de bankable et les joueuses aimeraient y trouver une contrepartie.

 L’autre point noir concerne les conditions dans lesquelles les meilleures basketteuses du monde exercent leur art. Elles continuent d’effectuer les déplacements avec des vols commerciaux au mépris des questions de récupération. On se souvient qu’en 2018, les Las Vegas Aces avaient dû déclarer forfait pour un match de saison régulière après l’annulation de tous les vols leur permettant de rejoindre la ville dans laquelle elles devaient se rendre. 

Les prochaines semaines marqueront, espérons-le, un tournant. 

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